Le baril a dépassé un nouveau record le 9 juillet 2007

Publié le par makhnovitch

Le lundi 9 juillet 2007, le baril de Brent est monté au dessus de son record d'août 2006, à 76,85$ le baril,  en dépassant aujourd'hui les 77$ le baril. 


Le Baril de Brent, de la mer du Nord, est devenu le prix de référence mondial devant le WTI américain. 

Après des prix records l'été dernier, les prix du pétrole sont descendus de 76$ à 50$ au mois de janvier 2007.

Ils sont ensuite remontés progressivement jusqu'au début du mois de juillet. Ils sont maintenant revenu à leur plus haut niveau et devraient en toute logique dépasser la barre des 80$ cet été.

Il suffira d'un événement exceptionnel, comme un ouragan dans le Golfe du Mexique pour faire monter le prix du baril de Brent et le WTI vers les 100$.

Le rapport Medium Term de l'AIE

Ce même jour, l'AIE a sorti son rapport Medium Term 2007-2012 que je n'ai pu consulter car son téléchargement est pour l'instant payant. Cependant, des articles ont repris quelques éléments de ce rapport dont le ton est alarmiste sur l'adéquation entre l'offre et la demande.

Ainsi, un article en français sur Yahoo!Actualités,
"La demande de brut pourrait croitre plus vite que la production", reprend quelques éléments du rapport. Ainsi, le rapport annonce que la demande devrait croitre plus vite que ce qu'ils prédisaient dans le dernier rapport medium Term. Ils annoncent 2,2%/an entre 2007 et 2012 alors qu'ils annoncaient 2% entre 2006 et 2011.

Selon l'article, "La consommation mondiale de pétrole va croître plus vite que prévu et plus rapidement que la production, conduisant à un déséquilibre entre l'offre et la demande, annonce l'Agence internationale de l'énergie."..."
"Malgré quatre ans marqués par des prix du pétrole élevés, ce rapport prévoit une hausse des tensions sur le marché au-delà de 2010", a ajouté l'AIE. "Il est possible que le point critique pour l'offre puisse être retardé - mais pas de beaucoup".

Ils notent aussi que les capacités de raffinage devraient s'avérer inférieures aux attentes du fait du manque d'ingénieurs qualifiés et de la hausse des coûts. Selon l'article, la production de biocarburants devrait doubler d'ici 2012 pour atteindre 1,75 mb/j mais resterait marginale dans la production mondiale de liquie énergétique.

Ils ont baissé aussi leur prévision de croissance de la production non-OPEP et  ils prévoient que la demande envers l'OPEP devrait monter pour amener la capacité supplémentaire de l'OPEP à sa limite en 2012.

La finde l'article est assez croustillante quand on sait les efforts de l'AIE pour montrer une vision normalement toujours très optimiste de la situation : "
Certains analystes accusent l'agence d'être trop alarmiste, et de contribuer par ses avertissements à la fermeté actuelle des prix. L'AIE répond que la hausse des cours est imputable aux données fondamentales de l'offre et de la demande. "La réaction des cours est due aux fondamentaux", souligne Lawrence Eagles, directeur de la division industrie et marchés du pétrole au sein de l'AIE. "Nous ne faisons que (les) montrer du doigt. C'est notre travail."

Un autre article en anglais, sorti sur le Financial Times, donne plus d'informations sur le contenu du rapport.

D'après cet article, il semblerait  que le rapport soulève le problème entre la chute de la production dans certaines régions pétrolifères déjà très matures comme la Mer du Nord ainsi que l'augmentation des délais pour la mise en production de nouveaux gisements et l'accélération de la croissance de la demande. 

Pour l'AIE, le marché pétrolier devrait être très tendu dans les 5 prochaines années mais ils ajoutent que le marché du gaz naturel devrait être encore plus tendu à la fin de cette décennie.

l'AIE prévoit que la demande atteindra 95,8 mb/j en 2012 alors que la demande est actuellement prévu à 86,1 mb/j pour 2007.

Le problème viendrait du fait que, selon l'AIE, la croissance de la production non-OPEP ne devrait être que de 1% par an sur la période, c'est à dire la moitié de la croissance de la demande. Aussi, l'autre moitié devrait être assuré par l'OPEP forçant ce dernier à augmenter fortement son niveau de production jusqu'en 2012. Ils prévoient que l'OPEP devrait passer de 31,3 mb/j en 2007 à 36,2 mb/j en 2012.
La production actuellement de l'OPEP se trouve juste au dessus de 30 mb/j et ne semble pas devoir augmenter dans les mois qui viennent. Aussi, même la prévision de l'AIE sur un niveau moyen de production de 31,3 mb/j en 2007 pour l'OPEP est optimiste. 

Ils citent l'AIE : "en dépit de quatres années de prix pétroliers déjà élevés, ce rapport prévoit que le marché sera encore plus tendu au delà de 2010 avec des niveaux minimaux de la capacité supplémentaire de l'OPEP en 2012."

Ils prévoient aussi une augmentation de la production non-OPEP de 2,6 mb/j entre 2007 et 2012 alors que celle-ci a augmenté de 4,6 mb/j entre 2000 et 2007. Ils expliquent la baisse de la croissance par le fait que la production a chuté dans des zones d'exploitation très matures comme la Mer du Nord. Ainsi, ils annoncent que la production de la Grande-Bretagne passera de 1,7 mb/j en 2007 à 1 mb/j en 2012 et que celle de la Norvège de 2,5 à 2 mb/j. Ils notent aussi que cette prévision est en dessous de celle du gouvernement britannique (1,1 à 1,6 mb/j en 2012).

Il finissent pas citer une phrase "curieuse" de l'AIE : "de substantiels retours sur investissements pour les actionnaires contrastent curieusement avec les tensions croissantes de l'approvisionnements et des efforts dans l'exploration et la production qui restent inchangés".

Je repondrais que cet état de fait tient peut-être au fait que les compagnies savent que ces efforts ne sont pas vraiment rentables étant donné le faible pourcentage de réussite dans les investissements d'exploration.

La hausse des prix pétroliers

Je ne crois que ce soit un hasard que les prix du baril de Brent atteignent aujourd'hui un nouveau record au moment même de la sortie de ce rapport. J'avais souligné fin mai le fait que nous étions en train d'atteindre un point de bascule entre l'offre et la demande mondiale pour juin-juillet. Ce rapport confirme que les inquiétudes montent sur l'adéquation
entre l'offre et la demande. Mais comme toujours, les agences officielles crient au loup au dernier moment quand ils ne peuvent plus faire autrement. Ils annoncent des problèmes pour les 5 prochaines années alors que ces problèmes ont déjà commencé. C'est encore une illustration du Syndrome du Jour d'Après.


Voyons quelques graphes pour voir un peu plus clair dans l'évolution des prix du baril de Brent ces derniers mois.

Commençons par juin et juillet.

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On voit ici clairement la montée fulgurante au début de ce mois. Ce graphique n'a pas encore intégré la journée du 9 juillet 2007.

Regardons les mois de mai-juin.

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Ce graphique montre que le mois de juin a été globalement plus élevé que le mois de mai. les prix ont oscillé entre 68 et 72$ le baril en juin alors qu'ils ont oscillé entre 66 et 70$ en mai.

Remontons jusqu'au 23 février 2007.

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La montée des prix depuis le début de l'année est tout à fait net. On peut voir une accélération depuis début mai.

Voyons les prix sur les derniers 6 mois.

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Les prix ont atteint un niveau au plus bas début janvier 2007 aux alentours de 52$ le baril. Ils n'ont pas cessé de monter depuis lors avec une accélération en mars et ces dernier jours.

Revenons sur les 12 derniers mois.

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Sur les 12 derniers mois, on voit le record établi en juillet-août puis une descente brutale en septembre 2006 et encore une autre en janvier 2007 et la remontée progressive vers les sommets de l'été dernier dans la première partie de l'année. 

Enfin, regardons l'évolution des prix du Brent depuis 1988.

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La courbe ne peut être plus claire sur la montée vertigineuse des prix depuis fin 2003 après une première poussée en 1999-2000 et la "pause" en 2002-2003 causée par l'éclatement de la bulle internet.

Il est presque certain que nous sommes à la veille d'une nouvelle montée des prix dont personne ne sait où elle s'arrêtera.

Makhnovitch.
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F
- y-a-t-il une once de frémissement de début de baisse chez les bouffeux de pétrole  franchouillards & européens ?    - diminution kilométrages teufs-teufs etc...?  ( j'avais cru lire ça ) - ET ICI AUSSI IDEM      - baisse chez " pôvres "     - stabilité ou augmentation chez les richards ?
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I
"Ils annoncent 2,2%/an entre 2007 et 2012 alors qu'ils annoncaient 2% entre 2006 et 2011"Qu'en est-il de la "destruction" de la demande dans certains pays africains et asiatiques ?Quelle aurait-été l'accroissement de la consommation si ces pays avaient pu financièrement continuer à consommer normalement ?
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M
La destruction de la demande dans les pays africains et asiatiques n'est pour l'instant pas suffisante pour contrebalancer la croissance de la demande en Chine, en Inde et chez les exportateurs comme au Moyen-Orient. Il faut savoir que la demande totale de l'Afrique avoisine les 3-4 millions de barils par jour alors que la demande en Europe est de l'ordre de 15 millions de barils, en Chine de plus de 7 millions de barils et aux USA plus de 21 millions de barils par jour. Aussi, la destruction de la demande chez les "pauvres" est une destruction sur une demande déjà très faible par rapport à la demande mondiale. Et pourtant, ce sont eux qui en souffrent le plus. c'est très injuste surtout quand on sait que le prix est souvent supérieur en valeur absolu dans les pays pauvres par rapport aux pays riches...