Le pic caché de décembre 2005
J'avais évoqué le pic de décembre 2005 dans mon article "Pic pétrolier en juillet 2006?" une sorte d'agenda du pic pétrolier et notamment la date de décembre 2005.
J'ai depuis lors traité le pic non-OPEP et non-FSU de décembre 2003, le point d'inflexion d'octobre 2004, le pic de la production mondiale de pétrole brut de mai 2005, le pic de l'OPEP en septembre 2005 mais pas le pic de décembre 2005.
Ce sera chose faite dans cet article qui sera court avec deux graphiques.
Kenneth Deffeyes, qui avait collaboré avec le fameur King Hubbert avait annoncé en janvier 2004 (http://www.princeton.edu/hubbert/current-events-04-01.html) que le pic de production se produirait au Thanksgiving 2005, c'est à dire le 24 novembre 2005, date à laquelle nous passerions la moitié des réserves mondiales selon ses estimations.
Puis, en février 2006, il annonce que, finalement, le pic de production mondial s'est produit le 16 décembre 2005 et non le 24 novembre 2005. Bien que cette précision des dates semble un peu curieuse, sa prévision, raillée par beaucoup, semble se confirmer mais, malheureusement pour lui, elle est cachée par un événement qui s'est produit trois mois avant le pic : les ouragans Katrina et Rita!
Nous avons déjà vu qu'il y avait trois pics sur la courbe de production de pétrole brut : mai 2005, décembre 2005 et juillet 2006.
Nous parlerons dans cet article du pétrole brut et non du pétrole tout liquide que j'aborderais dans un article prochain.
Pour ce qui est du pétrole brut avec les données de l'EIA, les trois pics précédents sont quasiment équivalents. C'est celui de mai 2005 qui est le plus haut mais de peu, ce qui signifie que la production mondiale est restée sur un plateau pendant un peu plus d'un an après son pic.
En fait, si l'on regarde la courbe de production mondiale sans les USA, le plateau disparait et le pic est repoussé clairement en décembre 2005.
Si les ouragans n'avaient pas provoqué le chaos dans la production pétrolière du Golfe du Mexique, la production des USA serait restée relativement stable, peut-être en légére descente.
Par conséquent, la prédiction de Kenneth Deffeyes se serait vérifiée sans ces ouragans !
En janvier 2007 (http://www.princeton.edu/hubbert/current-events-07-01.html), il concluait que le pic de production s'était produit en mai 2005 et non en décembre 2005 mais il ne semblait avoir remarqué que sa prévision antérieure avait juste été modifié par des événements climatiques qui n'avaient rien à voir avec la géologie.
Vous pouvez noter que le déclin de la production mondiale sans les USA est plus élevé qu'avec puisque il est à 1,5%/an sans les USA et à 0,95%/an avec les USA.
Cependant, le calcul du déclin de la production mondiale que j'ai fait dans l'article précédent "La méthode des grands producteurs" partait de la date du pic, c'est à dire mai 2005. Mais si on dit que la production mondiale s'est trouvée sur un plateau entre mai 2005 et juillet 2006, cela étant dû aux ouragans du Golfe du Mexique, et donc que le déclin a réellement commencé en juillet 2006, alors son taux n'est plus le même.
En effet, la production mondiale de pétrole brut était à 74135 milliers de barils par jour en juillet 2006. En juin 2007, elle est de 72823 milliers de barils par jour.
Donc, la production a décliné de 1312 milliers de barils par jour en 11 mois, ce qui amène le déclin à 1,93%/an!
Par conséquent, le déclin est presque à 2%/an depuis juillet 2006 alors qu'il serait environ de 1,5%/an si les ouragans n'avaient pas en lieu.
On peut se dire que tout ceci est chipeautage est que cela ne change pas grand chose entre mai 2005 et décembre 2005. C'est vrai. Mon seul but ici est de montrer que le pic est derrière nous en ajoutant les preuves et en explicitant ce qu'il s'est passé. La courbe de production sans les USA montre qu'il n'est du tout certain qu'il y ait un plateau de production durant quelques années et que le déclin peut commencer immédiatement après le pic à 1,5%/an. Par contre, il est vrai que la limitation de la production par des événements externes à la géologie (climat, guerres, etc...) peut provoquer un plateau de production.
Si ce déclin se poursuivait à ce rythme, la production mondiale de pétrole brut perdrait environ 1,4 millions de barils par jour tous les 12 mois.
C'est presque deux fois plus que la production mondiale d'éthanol actuelle qui est d'environ 0,8 millions de barils par jour...
Donc, en l'espace de six mois, le déclin de la production mondiale a annulé le gain total de la production mondiale d'éthanol qui provoque le chaos sur le marché de la production alimentaire ! Bien joué! Dans le genre , on fait n'importe quoi du moment que ça rapporte du "blé", les producteurs d'éthanol ont gagné la palme de la connerie humaine qui va coûter la vie à des millions d'être humains et provoquer des dégats environnementaux catastrophiques pour... rien, juste un nouveau marché de plus, juteux... Mais ceux-ci sont en train de perdre leur bénéfice d'image aussi vite qu'il l'avait gagné. Les biocarburants ne seront sûrement vu que comme un feu de paille, rétrospectivement. On nous promet aujourd'hui les secondes générations qui ne concurrenceront pas la production alimentaire, les premières générations étant devenues infréquentables en l'espace de quelques mois. On attend de voir mais l'urgence est de stopper au plus vite les investissements dans les agrocarburants à base de céréales et qui provoquent l'élimination des forêts primaires...
Emmanuel Broto.
J'ai depuis lors traité le pic non-OPEP et non-FSU de décembre 2003, le point d'inflexion d'octobre 2004, le pic de la production mondiale de pétrole brut de mai 2005, le pic de l'OPEP en septembre 2005 mais pas le pic de décembre 2005.
Ce sera chose faite dans cet article qui sera court avec deux graphiques.
Kenneth Deffeyes, qui avait collaboré avec le fameur King Hubbert avait annoncé en janvier 2004 (http://www.princeton.edu/hubbert/current-events-04-01.html) que le pic de production se produirait au Thanksgiving 2005, c'est à dire le 24 novembre 2005, date à laquelle nous passerions la moitié des réserves mondiales selon ses estimations.
Puis, en février 2006, il annonce que, finalement, le pic de production mondial s'est produit le 16 décembre 2005 et non le 24 novembre 2005. Bien que cette précision des dates semble un peu curieuse, sa prévision, raillée par beaucoup, semble se confirmer mais, malheureusement pour lui, elle est cachée par un événement qui s'est produit trois mois avant le pic : les ouragans Katrina et Rita!
Nous avons déjà vu qu'il y avait trois pics sur la courbe de production de pétrole brut : mai 2005, décembre 2005 et juillet 2006.
Nous parlerons dans cet article du pétrole brut et non du pétrole tout liquide que j'aborderais dans un article prochain.
Pour ce qui est du pétrole brut avec les données de l'EIA, les trois pics précédents sont quasiment équivalents. C'est celui de mai 2005 qui est le plus haut mais de peu, ce qui signifie que la production mondiale est restée sur un plateau pendant un peu plus d'un an après son pic.
En fait, si l'on regarde la courbe de production mondiale sans les USA, le plateau disparait et le pic est repoussé clairement en décembre 2005.
Si les ouragans n'avaient pas provoqué le chaos dans la production pétrolière du Golfe du Mexique, la production des USA serait restée relativement stable, peut-être en légére descente.
Par conséquent, la prédiction de Kenneth Deffeyes se serait vérifiée sans ces ouragans !
En janvier 2007 (http://www.princeton.edu/hubbert/current-events-07-01.html), il concluait que le pic de production s'était produit en mai 2005 et non en décembre 2005 mais il ne semblait avoir remarqué que sa prévision antérieure avait juste été modifié par des événements climatiques qui n'avaient rien à voir avec la géologie.
Vous pouvez noter que le déclin de la production mondiale sans les USA est plus élevé qu'avec puisque il est à 1,5%/an sans les USA et à 0,95%/an avec les USA.
Cependant, le calcul du déclin de la production mondiale que j'ai fait dans l'article précédent "La méthode des grands producteurs" partait de la date du pic, c'est à dire mai 2005. Mais si on dit que la production mondiale s'est trouvée sur un plateau entre mai 2005 et juillet 2006, cela étant dû aux ouragans du Golfe du Mexique, et donc que le déclin a réellement commencé en juillet 2006, alors son taux n'est plus le même.
En effet, la production mondiale de pétrole brut était à 74135 milliers de barils par jour en juillet 2006. En juin 2007, elle est de 72823 milliers de barils par jour.
Donc, la production a décliné de 1312 milliers de barils par jour en 11 mois, ce qui amène le déclin à 1,93%/an!
Par conséquent, le déclin est presque à 2%/an depuis juillet 2006 alors qu'il serait environ de 1,5%/an si les ouragans n'avaient pas en lieu.
On peut se dire que tout ceci est chipeautage est que cela ne change pas grand chose entre mai 2005 et décembre 2005. C'est vrai. Mon seul but ici est de montrer que le pic est derrière nous en ajoutant les preuves et en explicitant ce qu'il s'est passé. La courbe de production sans les USA montre qu'il n'est du tout certain qu'il y ait un plateau de production durant quelques années et que le déclin peut commencer immédiatement après le pic à 1,5%/an. Par contre, il est vrai que la limitation de la production par des événements externes à la géologie (climat, guerres, etc...) peut provoquer un plateau de production.
Si ce déclin se poursuivait à ce rythme, la production mondiale de pétrole brut perdrait environ 1,4 millions de barils par jour tous les 12 mois.
C'est presque deux fois plus que la production mondiale d'éthanol actuelle qui est d'environ 0,8 millions de barils par jour...
Donc, en l'espace de six mois, le déclin de la production mondiale a annulé le gain total de la production mondiale d'éthanol qui provoque le chaos sur le marché de la production alimentaire ! Bien joué! Dans le genre , on fait n'importe quoi du moment que ça rapporte du "blé", les producteurs d'éthanol ont gagné la palme de la connerie humaine qui va coûter la vie à des millions d'être humains et provoquer des dégats environnementaux catastrophiques pour... rien, juste un nouveau marché de plus, juteux... Mais ceux-ci sont en train de perdre leur bénéfice d'image aussi vite qu'il l'avait gagné. Les biocarburants ne seront sûrement vu que comme un feu de paille, rétrospectivement. On nous promet aujourd'hui les secondes générations qui ne concurrenceront pas la production alimentaire, les premières générations étant devenues infréquentables en l'espace de quelques mois. On attend de voir mais l'urgence est de stopper au plus vite les investissements dans les agrocarburants à base de céréales et qui provoquent l'élimination des forêts primaires...
Emmanuel Broto.