Relation entre stocks OCDE, production et consommation mondiale et production OPEP et prix du baril (seconde partie)

Publié le par makhnovitch

Après avoir étudié la courbe des stocks commerciaux de l'OCDE entre 1994 et 2008 dans la première partie, nous allons introduire la production mondiale et la consommation mondiale, ainsi que la production de l'OPEP dans cette étude. Cette article est un peu aride et difficile mais il permet de faire le point sur le comportement passé des stocks en fonction de ces variables.


Pour cela, j'ai repris la courbe des stocks commerciaux de l'OCDE dans le graphique ci dessous que j'ai ramené à une base trimestrielle, contrairement au graphique de la première partie, qui se trouvait sur une base mensuelle.

Sur ce même graphique, on peut voir les courbes de production mondiale et de consommation mondiale. 

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Nous avions vu dans la première partie qu'il y avait quatre périodes au cours desquelles les stocks passaient en dessous de 2500 million de barils (mb). J'avais défini la zone en dessous de 2500 mb comme une zone de pénurie. Avant d'entrer dans la zone de pénurie, le  niveau des stocks subit forcément une chute plus ou moins rapide. Aussi, dans le graphique ci-dessus, je m'intéresse plus à la chute des stocks qu'à leur niveau absolu. Depuis 1994, on retrouve un chute des stocks à chaque fois que ceux-ci passent en dessous des 2500 mb. Cependant, je ne relève pas le déclin de 2004 qui n'est pas assez signifiant et je le laisse de côté. Aussi, je retiens le déclin des stocks de 1995-1996, de 1999-2000, de 2002-2003 et enfin de 2006-2007. 

On peut remarquer que le déclin des stocks se déroule en principe à l'automne et l'hiver tandis que les stocks se remplissent pendant le printemps et l'été. Il y a en effet, une baisse de la consommation au printemps après l'hiver. Cela est évident du fait de l'utilisation accrue d'énergie dans l'hémisphère nord durant l'hiver. Aussi, après la baisse du printemps, la consommation repart à la hausse durant l'été, à cause des vacances, et progresse en principe brutalement à l'automne avec l'arrivée du froid au nord. Souvent, le premier trimestre de l'année demande plus d'énergie que l'automne précédent mais pas toujours. Aussi, la consommation croit généralement à partir du printemps jusqu'à l'hiver suivant. Les stocks ont tendance à se remplir pendant le printemps et l'été et à se vider durant l'automne et l'hiver. Par conséquent, les stocks se trouvent souvent au plus haut vers la fin de l'été, entre août et octobre, et au plus bas vers la fin de l'hiver, entre février et mars. 

Le graphique au dessus le montre assez clairement avec sa répartition en trimestre.

La première forte chute des stocks se déroule pendant les hivers 1995 et 1996, la seconde pendant les hivers 1999 et 2000, le troisième pendant les hivers 2002 et 2003. La quatrième forte chute se déroule actuellement. Elle a commencé durant l'hiver dernier en 2007 et continuera durant l'hiver 2008.

Sur le graphique, j'ai entouré d'un cercle rouge les périodes d'automne-hiver concernés par les chutes de stocks. On voit alors très clairement que la spécificité de ces hivers est que la consommation dépasse la production durant ces deux trimestres. Il est tout à fait clair sur la graphique que chaque fois que la production dépasse la consommation, les stocks baissent immédiatement.

On peut remarquer que la production dépasse la consommation durant les hivers suivants ces fortes baisses à chaque fois. Ainsi, les hivers qui suivent ceux de 1995 et 1996, en 1997 et 1998, on observe que la production passe au dessus du pic d'hiver et ne redescend quasiment pas durant le printemps permettant de remplir à nouveau les containers des stocks. Cela se reproduit en 2001 puis en 2004, 2005 et 2006.

La première conclusion est que les stocks commerciaux de l'OCDE varie fortement en fonction de l'écart entre la consommation et la production mondiale. C'est très logique, évidemment. 

Nous allons revenir sur chaque période depuis 1994.

Première période : janvier 1994-janvier 1998

Il y a quatre hivers durant cette période. Durant les hivers 1994,1995,1996, la consommation dépasse la production et les stocks déclinent. Cependant, ils remontent au printemps et en été. On peut observer que la courbe de consommation prend une forme en double pic durant l'automne et l'hiver, avec un pic en décembre puis un nouveau en février. Le mois de janvier est généralement un mois de plus basse consommation que les deux précédents.  Je ne connait pas la réponse à cette énigme. Si quelqu'un a une piste...

 

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Durant l'année 1994, les stocks sont descendus à leur plus bas niveau en mars à 2484 mb. Ensuite, les stocks remontent jusqu'à 2709 mb en septembre. Ils prennent donc 125 mb en 6 mois puis stagnent jusqu'en novembre et commence leur déclin jusqu'en mars 1995. Ils passent de 2706 mb en novembre 1994 à 2528 mb en mars 1995. Le déclin est donc de 178 mb en 5 mois dont 121 mb entre janvier et mars. En décembre 1994, l'écart entre la production et la consommation est de 1,61 mb/j. Les stocks déclinent de 1,31 mb/j. En février et mars, l'écart entre production et consommation avoisinent les 2 mb/j et les stocks déclinent exactement au même rythme.

L'année 1995 est très similaire à l'année 2007. On trouve donc un déclin durant l'hiver précédent et le plus bas niveau des stocks, en mars, est de 2528 mb. Ensuite, au cours du printemps, la production monte légérement mais comme la consommation baisse, les stocks montent à 2681 mb en juillet 1995, et baisse par la suite jusqu'à 2610 mb en novembre 1995. On peut signaler que durant cette période, la consommation est inférieure à la production. On observe une forte poussée de la consommation en novembre jusqu'en mars alors que la production croit régulièrement  mais est largement insuffisante.

Les stocks passent de 2610 mb en novembre 1995 à 2371 mb en mars 1996, ce qui fait une chute de 239 mb en 5 mois. En rythme journalier, les stocks vont baisser plus vite que l'écart entre production et consommation. Ainsi, en décembre, alors que l'écart entre production et consommation est de 2,27 mb/j, les stocks déclinent de 3 mb/j. De même en janvier, l'écart entre production et consommation est de 1 mb/j alors que les stocks déclinent de 1,7 mb/j. Il semble que la raison principale de ce déclin vient d'un hiver particulièrement froid en Amérique du Nord et en Europe.

On peut voir ensuite que la production accélére sa croissance en août 1996 pour faire face à l'hiver 1997 alors que les stocks stagnent autour de 2500 mb juste avant l'hiver. la production mondiale passe de 71,5 mb/j en août 1996 à 73,5 mb/j en décembre 1996 puis à 74,3 mb/j en avril 1997.

Durant toute l'année 1997, la production, en forte croissance, va dépasser la consommation, sauf en décembre, et les stocks vont progressivement remonter jusqu'à 2650 mb.

Ainsi, entre août 1996 et janvier 1998, la production mondiale passe de 71,5 mb/j à 76,5 mb/j ! Cela fait une croissance de 5 mb/j en 17 mois.

Dans le graphique ci-dessous, on peut voir que la réaction de l'OPEP est manifeste notamment à l'approche de l'hiver 1997 et de l'hiver 1998. Il semble évident que l'OPEP veut éviter que les stocks baissent durant ces hivers.

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Seconde Période : janvier 1996 à janvier 2001


On revient un peu en arrière sur cette période. On peut voir la montée de la production de août 1996, à 71,5 mb/j, jusqu'à février 1998, à 77mb/j. Les stocks stagnent aux environs de 2650 mb pendant l'hiver 1998 puis la crise financière asiatique survient et la demande baisse brutalement de 77 mb/j en décembre 1997 à 71 mb/j en mai 1998 tandis que la production décline à 76 mb/j en mai 1998. Cela provoque une inflation importante des stocks qui montent de 2613 mb en mars à 2776 mb en mai 1998. Ceux-ci resteront perchés au dessus de 2650 mb jusqu'au début de l'hiver 2000, où la consommation va monter très fort jusqu'à presque 79 mb/j. Entre mai et décembre 1999, la consommation remonte de 8 mb/j !  La production mondiale va osciller entre 73 mb/j et 76 mb/j jusqu'en décembre 1999. Il semble que les producteurs n'aient pas vu venir la forte poussée de la demande en décembre 1999 car la production stagne tout au long de l'année 1999 autour de 75 mb/j. Ainsi, en décembre 1999, la production mondiale est égale à 74,62 mb/j alors que la consommation monte à 79,72 mb/j, ce qui fait une différence de 5 mb/j.

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Durant l'année 1999, les stocks restent stables autour de 2700 mb jusqu'en août. Puis ceux-ci commencent à baisser de plus en plus rapidement jusqu'à 2600 mb en novembre  et chute d'un coup à 2448 mb en un mois. Les stocks baissent de 153 mb en un mois. C'est la plus grosse baisse en 15 ans. Cela représente bien un déclin journalier des stocks de 4,9 mb/j tandis que l'écart entre production et consommation est de 5,1 mb/j. La folie du bog de l'an 2000 s'est donc principalement produit au sein de l'OCDE.

On observe que, dès janvier, la production se met à croitre fortement puisqu'elle passe de 74,62 mb/j à 79,9 mb/j entre décembre 1999 et novembre 2000. Elle monte de 5,28 mb/j en 11 mois, ce qui est considérable. Mais on peut remarquer que la demande croit aussi très vite puisque qu'elle atteint 79 mb/j en décembre 2000.

Il est donc très clair que la production mondiale a réagi très fortement en 2000 suite au déclin des stocks en décembre 1999. De même la production mondiale avait réagi en pendant l'été 1996 suite au bas niveau des stocks à la sortie de l'hiver 1996.

La courbe de production de l'OPEP comparé à celle des stocks est très parlante. On peut voir clairement que l'OPEP a baissé ses niveaux de production graduellement depuis l'hiver 1998 suite à l'effondrement des prix en 1998, qui descendent à moins de 10$. On peut voir que curieusement, ils baissent leur niveau de production entre octobre 1999 et décembre 1999 de 1,5 mb/j alors qu'il aurait fallu faire l'inverse. Il s'ensuite une très forte réaction de l'OPEP qui passe de 26 mb/j en décembre 1999 à presque 30,5 mb/j en novembre 2000. Par conséquent, la croissance de la production mondiale en 2000 est principalement dû à l'OPEP. On peut signaler que cette forte croissance de production se traduit très peu en croissance de stocks qui ne montent qu'à 2560 mb en novembre 2000.

On voit bien que l'OPEP est un acteur crucial durant cette période et est capable de faire varier sa production très fortement.

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Troisième période : janvier 2000 à janvier 2004


Après l'année 2000, la consommation reste assez stable du fait de l'éclatement de la bulle internet. De ce fait, la consommation de l'hiver 2002 est inférieure à l'hiver 2001.

La récession des USA se termine en mai 2002 alors que consommation et production se trouvent à 76 mb/j. La consommation passe alors de 76 mb/j en mai 2002 à presque 82 mb/j en février 2003, ce qui fait un augmentation de 6 mb/j en 8 mois! Cette augmentation très importante n'avait pas vraiment été prévue par les producteurs car la production mondiale ne montent qu'à 79 mb/j en février  2003 après un baisse à 77 mb/j en décembre 2002-janvier 2003. Cela se traduit par une baisse des stocks juqu'au record de 2352 mb en février 2003.

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C'est en juin 2003 que la production mondiale réagit. Elle se trouve alors à 78 mb/j. On peut voir que celle-ci réagit exactement au moment où la consommation repart fortement à la hausse. Les deux vont monter au même rythme de 78 mb/j à presque 83 mb/j en décembre 2003. La croissance est de presque 5 mb/j en 5 mois! Mais, les stocks recommence à décliner en septembre quand ils atteignent 2595 mb.

On peut remarquer qu'il y a dephasage entre les stocks et l'écart entre production et consommation puisque les stocks remontent pendant le printemps 2003 alors que la production excède de peu la consommation. Ensuite, inversement fin 2003, la production excède de peu la consommation mais les stocks partent à la baisse.

En janvier 2004, production et consommation dépassent 82 mb/j et les stocks sont retombés à 2500 mb.

Quand on regarde la production de l'OPEP ci-dessous, on peut voir que l'OPEP a franchement baissé sa production entre l'hiver 2000 et le printemps 2002 puisque sa production baisse de 5,5 mb/j. C'est donc bien l'OPEP qui a encaissé la crise financière internet. Cependant, les stocks sont restés perché à plus de 2600 mb.

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Ensuite, ceux-ci remontent leur production jusqu'à 29 mb/j en janvier 2004. Mais la forte croissance de la production mondiale fin 2003 est assumée pour moitié par la production non-OPEP. On est alors dans la période de plus forte croissance de la production russe. J'ai déjà documenté cela dans mon article sur le pic de décembre 2003.

On peut voir que la production de l'OPEP  chute en décembre 2002 et janvier 2003 de presque 2 mb/j. C'est bien cette baisse qui fait plonger les stocks dans les abysses. Cette baisse est dû à la grève des cadres de la société nationale PDVSA vénézuelienne contre Chavez.

De plus, le rapport mensuel de janvier 2003 rappelle que l'hiver est plus froid que prévu, que la croissance de la consommation chinoise commence à se faire sentir et que la production d'électricité nucléaire japonaise est très basse entraînant une consommation accrue de pétrole. Tout ceci concourt à une hausse plus forte que prévu de la consommation mondiale. En ajoutant la grève vénézuelienne qui paralyse la production pétrolière du pays en pleine hiver, tout ceci explique la chute importante des stocks.

Mais la seconde partie de l'année 2003 est une période de forte croissance pour la Russie mais aussi pour la production en dehors de l'ex-URSS et de l'OPEP comme le montre ce graphique.

WO-OPEC-FSU.gifLe pic de production non-OPEP et non-ex-URSS se produit en décembre 2003 suite à une très forte croissance dans la seconde partie de l'année 2003 puisque la production non-OPEP et non-ex-URSS prend 1,5 mb/j entre juin et décembre 2003.

La production de l'ex-URSS croit d'environ 0,8 mb/j sur cette période comme on peut le voir sur le graphique ci dessous.  FSU-octobre04.gif
Ainsi fin 2003, la production non-OPEP et non-ex-URSS entame son déclin et se trouve en janvier 2007 au même niveau qu'en juin 2003, à 30,5 mb/j. Les stocks se trouvent à 2500 mb et donc juste à la limite de la zone de pénurie. L'OPEP tourne à un peu plus de 29 mb/j. L'ex-URSS se trouve en pleine croissance au rythme de 0,8 mb/j en rythme annuel. Cette croissance de presque 5 mb/j en 5 mois ne s'est plus reproduite depuis lors.

Quatrième Période  : janvier 2004 à janvier 2008

A la sortie de l'hiver 2004, en mars 2004, les stocks se trouvent à 2450 mb. En prévision de la croissance de la consommation fin 2004, l'OPEP augmente sa production dès le printemps de 1,5 mb/j entre mai et juillet 2004. La production atteint pour la première fois les 84 mb/j en juillet 2004. Elle y restera durant tout l'hiver 2005. Mais la consommation atteint les 85 mb/j et les stocks baissent légèrement de 2600 à 2550 mb en mars 2005. La production mondiale monte doucement de 84 mb/j en novembre 2004 à plus de 85 mb/j en mai 2005 principalement sous l'impulsion de l'OPEP.
 

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Mais comme nous le voyons sur le graphique suivant, la production de l'OPEP commence à décliner après septembre 2005. La production mondiale va alors stagner dans la tranche de 84-85 mb/j jusqu'en septembre 2007.

En mars 2005, les stocks se trouvent à 2550 mb/j et vont monter en deux mois à 2650 mb  alors que la production continue à croitre et que la demande baisse. Tout le long de l'année 2005, jusqu'en novembre, les stocks vont osciller entre 2620 et 2680 mb. Pendant l'hiver, ceux-ci baissent jusqu'à 2600 mb en mars 2006 alors que la production de l'OPEP baissent jusqu'à 30,5 mb/j en mai 2006.  La production de l'OPEP remonte jusqu'en  août 2006 à 31,2 mb/j et provoque une montée  assez importante des  stocks jusqu'en septembre 2006. Ceux-ci atteignent 2760 mb. Mais la production de l'OPEP déclinent ensuite rapidement jusqu'à 29,87 mb/j entraînant une baisse de la production mondiale de 85,3 mb/j en juillet 2006 à 84 mb/j pendant l'hiver 2007. Ceci provoque une baisse de stocks de 160 mb entre septembre 2006 et mars 2007. Aussi, en mars 2007, les stocks retrouvent leur niveau de mars 2006, qui est l'exact niveau moyen de stocks: 2600 mb.

La production de l'OPEP stagne autour de 30-30,2 mb/j jusqu'en août 2007. Comme la consommation mondiale baisse, les stocks remontent jusqu'à 2682 mb en juillet 2007. Ensuite, la consommation excède la production et les stocks commencent à décliner. Ils se trouvent autour de 2620 mb fin octobre 2007.

La consommation mondiale est prévue pour atteindre plus de 88 mb/j durant l'hiver 2008 tandis que l'EIA prévoit que la production devrait monter jusqu'à plus de 88 mb/j d'ici fin 2008. L'OPEP devrait atteindre 31,5 mb/j dans la première partie de 2008 puis 32 mb/j d'ici fin 2008. L'EIA prévoit que les stocks descendront à 2500 mb en mars 2008.



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Conclusion

Comme nous l'avons vu dans les descriptions précédentes, suite à un déclin trop prononcé des stocks de l'OCDE pendant un hiver, il s'ensuit en principe que la production croit fortement durant l'année qui suit pour que la production soit supérieure à la consommation durant l'hiver suivant évitant une nouvelle chute des stocks.

Il semble que la marché pétrolier suivent des sortes de cycles sur des durées de trois à 5 ans. Au cours de ces cycles, on observe une phase de baisse des stocks où la production ne suit pas la demande et une seconde phase pendant laquelle la production réagit fortement pour rattraper la demande et renflouer les stocks. Aussi, la marché n'est pas aussi régulé que ce que l'on pourrait à priori penser.

Ainsi, suite au déclin de stocks pendant l'hiver 1996, la production mondiale croit de 71,43 mb/j en août 1996 à 76,87 mb/j en février 1998, c'est à dire 5,44 mb/j en 18 mois. Sur cette croissance de 5,44 mb/j, 3 mb/j proviendront de l'OPEP, 55% du total. Les stocks bondissent de 2515 mb en août 1996 à 2650 mb fin 1998.

Suite au déclin des stocks en décembre 1999, la production mondiale passera de 74,62 mb/j en décembre 1999 à 79,09 mb/j en novembre 2000, c'est à dire 5,28 mb/j en 11 mois. Sur cette croissance, 4,26 mb/j proviennent de l'OPEP, c'est-à-dire 80% de la croissance totale. Les stocks passent de 2448 mb en décembre 1999 à 2570 mb en novembre 2000.

Suite au déclin des stocks de l'hiver 2003, la production mondiale passera de 78,03 mb/j en juin 2003 à 82,75 mb/j en décembre 2003, une croissance de 4,72 mb/j en 5 mois, dont 2,11 mb/j de l'OPEP,  44% du total. Les stocks passent de 2545 à 2512 mb.

Sur ces trois exemples passées ces quinze dernières années, on peut voir qu'à chaque fois que les stocks ont baissé fortement, la production mondiale a cru de 5 mb/j dans les mois qui ont suivi avec une part de l'OPEP de 44% à 80%. On peut remarquer que le rythme de croissance accélére au cours du temps puisque celle ci passe de 17 mois en 1996 à 5 mois en 2003. 

Il faut remarquer que la consommation varie en moyenne sur une amplitude de 5 mb/j entre son niveau le plus bas de l'année et son niveau le plus haut. Ceci est vrai de manière assez systématique. Aussi, il n'est très étonnant de retrouver ce chiffre de 5 mb/j car la production se trouve équivalente au niveau le plus de l'année qui suit le déclin fort des stocks et doit donc augmenter de 5 mb/j pour atteindre le niveau haut de l'année, vers novembre-décembre.

Il semble que l'OPEP a fait plusieurs erreurs d'appréciation, notamment en 1998 et fin 1999. Jusqu'à maintenant, le marché a pu réagir fortement à chaque fois grâce à une grande capacité d'action de l'OPEP, sa fameuse capacité supplémentaire de production,  et à une  croissance régulière non-OPEP mais cela n'est plus vraiment le cas à présent.

Pour ce qui est de l'hiver 2008, il est fort probable que le niveau des stocks en mars 2008 soit assez bas, entre 2300 et 2500 mb/j. Par conséquent, il sera nécessaire que la production mondiale dépasse la consommation pour l'hiver 2009, comme cela fut le cas dans le passé. Mais, pour cela, il faudra que la production mondiale dépasse les 90 mb/j fin 2008. Par conséquent, la production mondiale devra passer de 85 mb/j en septembre 2007 à 90 mb/j en janvier 2009. On retrouve donc ici les 5 mb/j. Pour l'instant, il reste 16 mois pour l'atteindre. Le rattrapage nécessaire à partir du printemps prochain dépendra de l'ampleur des "dégâts" de cet hiver.

On ne peut plus trop compter sur la production non-OPEP et non-ex-URSS pour combler une partie de la croissance car celle-ci se trouve désormais en déclin. l'EIA prévoit que l'OPEP augmente sa production de 1 mb/j entre septembre 2007 et janvier 2008. la Russie se trouve actuellement sur un plateau et l'Azerbaijan n'est plus très loin de sa plein capacité. Alors d'où viendront ces 5 mb/j? Le mieux est qu'ils ne soient pas necessaire, c'est-à-dire de faire baisser la demande, que les prix montent et qu'une récession s'ensuivent.




Cet article a démontré que le marché pétrolier a besoin d'une grande souplesse dans les stocks de l'OCDE et dans la capacité supplémentaire de production de l'OPEP à cause de variations très importantes de la demande (jusqu'à 8 mb/j en quelques mois). De plus, le niveau des stocks réagit immédiatement à la balance entre offre et demande. Ce niveau peut varier très rapidement dans un sens ou dans l'autre. Aussi, l'équilibre est très instable et les deux régulateurs, OPEP et OCDE, n'ont de cesse de maintenir cet équilibre. Mais les mois qui viennent pourraient rendre inopérantes les deux variables d'ajustements du marché : l'asséchement des stocks commerciaux non nécessaires de l'OCDE en même temps que la réduction à néant de la capacité supplémentaire de l'OPEP. La production mondiale sera alors à son maximum et évoluera en fonction de ses capacités matérielles. Le prix et les mesures de réduction de la demande deviendront les variables d'ajustement de la consommation à la capacité de production au temps t.

Mais le problème reste entier sur les variations saisonnières de la demande qui varient sur des amplitudes de 5 mb/j dans la même année. Ces amplitudes saisonnières sont inévitables et s'accomodent difficilement d'un manque de souplesse du système d'approvisionnement. Aussi, le résultat peut être le passage régulier par des phases de pénurie et de rationnement notamment pendant l'hiver.

On peut se demander si la régulation du système d'approvisionnement en pétrole par le marché sera encore possible longtemps car celui-ci nécessite des marges de manoeuvre trop importantes. Aussi, la prise en main du système d'approvisionnement par le gouvernement pour attribuer des quotas fixés à l'avance pourrait devenir nécessaire pour éviter des phénomènes de pénuries régulières.


La troisième partie d'ici la fin de semaine.
Mais avant d'autres articles.

Emmanuel Broto.




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B
Je me demandais pourquoi l'OPEP accueillait l'Angola. A la lumière de cet article je suppose que cela permettra une rupture de serie. La production OPEP augmentera de fait des 1,6 mb/j angolais. Un jeu de dupes entre IEA et OPEP, non ?Encore merci pour cet article.
Répondre
M
L'OPEP vient d'acceuillir l'Equateur en plus. Il y a de la géopolitique la dessous. Plus l'OPEP s'agrandit, plus l'AIE perd du poids. Mais l'OPEP semble avoir de plus en plus de mal à s'accorder...
S
Un petit bug, le lien sur le premier graphique pointe sur l'image du sujet précedent.Sinon, beau boulot comme d'habitude, on attend la suite avec impatience.
Répondre
M
Merci pour l'info. j'ai revu les graphiques et leurs liens. Tous sont maintenant consultables en png sauf les deux sur la prod non-opep et non-fsu et la fsu. Bientôt en album photo avec les graphs de la troisième partie (avec les prix!).
I
Il est tout à fait clair sur la graphique que chaque fois que la production dépasse la consommation, les stocks baissent immédiatement.Ne s'agit-il pas d'une erreur ?
Répondre
M
Il ne s'agit pas d'une erreur. C'est ce qu'il se passe réellement et c'est une des remarques intéressantes que l'on peut faire de cette étude. Les stocks sont extrêmement sensibles à l'écart entre offre et demande. C'est pourquoi je conclus en disant que le marché pétrolier est plus sensible que ce qu'on peut imaginer et son équilibre peut être vite destabilisé comme le montre l'effet bug de l'an 2000 ou la grève de PDVSA pendant l'hiver 2003.