Revue de presse 20 novembre 2007
Les déclaration de Sadad Al-Husseini, ex numéro 2 de Aramco
Premièrement, Il semble que l'ex-numéro 2 de l'Aramco, société pétrolière nationale de l'Arabie Saoudite, Sadad Al-Husseini, ait provoqué des "vagues" après sa présentation à Londres au cours de cette maintenant fameuse conférence le 30 octobre, "Oil and Money".
C'est David Strahan qui a relayé l'information le premier le jour même avec un entretien avec Mr Al-Husseini en prime.
voici les deux articles de David Strahan :
http://www.davidstrahan.com/blog/?p=67
http://www.davidstrahan.com/blog/?p=68
Ensuite, le 16 novembre, le Monde a rencontré Al Husseini et cet article vient de produire un petit électrochoc semble-t-il. Voici le lien :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-979167@51-963558,0.html
Voici quelques extraits de ses déclarations au Monde:
"Des pays de l'OPEP tels que l'Arabie saoudite, le Nigeria et l'Angola ont annoncé qu'ils ajouteront 10 mb/j de capacités nouvelles de production d'ici à 2014. Toutefois, tous les pays de l'OPEP ne sont pas capables de fournir le même effort. L'Indonésie, l'Iran et le Venezuela, par exemple, vont voir leur capacité de production décliner. D'autres, comme le Koweït, l'Irak et les Emirats arabes unis ne pourront faire mieux que maintenir leur production, dans le meilleur des cas. Donc au total, l'OPEP [qui dispose officiellement de 75 % des réserves planétaires] ne peut pas dégager de capacités de production supplémentaires au cours de la prochaine décennie."
(...)
"La hausse des prix de l'énergie ne crée pas de nouvelles opportunités de production, parce que les nouvelles ressources en pétrole et en gaz naturel sont beaucoup plus difficiles à trouver et à développer."
(...)
Deuxième affirmation de M. Husseini : les réserves pétrolières sont "exagérées" de 300 milliards de barils. Coupables, selon lui, certaines "compagnies pétrolières, l'Agence internationale de l'énergie et l'administration américaine [qui] (...) ont cyniquement exagéré les capacités de production de l'OPEP. Il s'agissait d'exercer une pression politique sur les pays de l'OPEP, afin de permettre aux compagnies internationales de s'implanter sur leur territoire".
L'ancien vice-président de l'Aramco pointe également du doigt certains des pays partenaires de l'Arabie saoudite au sein de l'OPEP, "qui ont laissé circuler des estimations spéculatives [de leurs réserves] ne reposant sur aucune analyse technique, et dont les déclarations sur leurs réserves prouvées répondent à des décrets politiques"."Nous savons cela, poursuit-il, parce que [ces pays] n'avaient pas de programme d'exploration ou de développement en cours mais déclaraient pourtant des réserves supplémentaires année après année."
Peut-on revenir à des évaluations plus "réalistes", selon sa propre expression, de la quantité de pétrole qui reste encore exploitable ? "Peu de pays de l'OPEP sont prêts à le faire, en particulier si cela revient à réduire le montant de leurs réserves de pétrole, au lieu de les augmenter !"
(...)
En conséquence, Sadad Al-Husseini juge que le prix du pétrole ne peut que continuer à monter. "La situation est analogue à celle d'un réservoir d'eau que l'on pomperait plus vite qu'il ne se remplit", résume-t-il. "Bien sûr, la spéculation est à l'origine de certaines augmentations des prix du pétrole", concède le Dr Husseini. "Cependant, l'escalade logique des prix depuis 2002 indique aussi que les extractions de pétrole sont fondamentalement limitées", tranche le pétrogéologue.
(...)
Sadad Al-Husseini conclut : "Plus vite nous réaliserons que les extractions de pétrole ne peuvent augmenter indéfiniment, plus vite nous rechercherons des options énergétiques alternatives et soutenables, et nous éviterons ainsi des folies tragiques telles que l'occupation de l'Irak, et d'autres mésaventures similaires."
Vous pouvez télécharger sa présentation de Londres à l'adresse suivante :
http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20071116/979359_husseini_london_o_m_p
resentation_-_s_2.pdf
Article en première page du Wall Street Journal-19 novembre 2007
Le Wall Street Journal a sorti un article en première page hier, le lundi 19 novembre, qui reprend les dernières déclarations de Christophe de Margerie, PDG de Total, de James Mulva, PDG de Conoco-Phillips, de Fatih Birol de l'AIE, de Sadad Al Husseini de l'Aramco, de Matt Simmons mais aussi de ceux qui tentent de montrer que le pic pétrolier n'est pas une menace comme le CERA.
Voici comment débute l'article : "Un nombre grandissant de capitaine de l'industrie pétrolière endossent une idée longtemps considéré comme marginale : le monde s'approche d'une limite matérielle du nombre de barils de pétrole brut qui peuvent être pompés chaque jour. Certains prédisent que, en dépit de la soif de pétrole qui s'accroit rapidement, les producteurs pourraient atteindre ce plafond dès 2012. Cette limite approximative- dont deux responsables industriels ont récemment placé à 100 million de baril par jour -est largement en dessous des projections de demande mondiale pour les prochaines décades."
(Version originale : "A growing number of oil-industry chieftains are endorsing an idea long deemed fringe: The world is approaching a practical limit to the number of barrels of crude oil that can be pumped every day. Some predict that, despite the world's fast-growing thirst for oil, producers could hit that ceiling as soon as 2012. This rough limit -- which two senior industry officials recently pegged at about 100 million barrels a day -- is well short of global demand projections over the next few decades.")
En plus du PDG de Total et de Conoco-Phillips, l'article parle aussi d'une déclaration du responsable de la société pétrolière lybienne qui a confirma lors de cette conférence que le plafond de 100 million de barils serait difficile à dépasser.
Ils parlent de limitations de la production tels que :
1- Manque d'investissements du temps où le prix du pétrole était bas, conduisant à moins d'exploration et moins de production maintenant
2- Le nationalisme des ressources limitant aussi les investissements
3- les ressources non encore exploitées se trouvent au mauvais endroit (zone de conflit, climat inhospitalier, problèmes environnementaux)
4- les travailleurs talentueux sont en train de partir à la retraite et il n'y a pas assez de travailleurs entraînés pour les remplacer.
Ces limitations sont vraies pour partie mais ne suffisent pas à expliquer la situation actuelle du marché pétrolier.
Oildrum.com a sorti un article aujourd'hui pour répondre à l'article du Wall Street Journal.
Voici le lien :http://www.theoildrum.com/node/3265
On peut dire que cet article est une avancée certaine et très importante du pic pétrolier vers le rang de problème de première importance et se trouve maintenant sur la route du mainstream. Le grand public va donc progressivement entendre parler du problème de plus en plus souvent.
Autres articles et vidéos
Un autre article de la Tribune.fr débat du point de vue des économistes de la hausse des prix : Le pétrole cher n'est pas fatal à lui seul à la croissance
Deux très bons articles de Ice sur son blog : http://iceblog.over-blog.com
peak oil et changement climatique
Fonte record de la banquise d'été en Arctique - again
Un article dans le prolongement de "La farce et le dindon" de André Sautou sur le blog de Imago : Sommes-nous arrivés à la croisée des chemins ?
Emmanuel Broto.