le point sur la production mondiale de pétrole selon les données de l'AIE

Publié le par makhnovitch

Après deux semaines d'absence, voici un article sur l'état de la production mondiale de pétrole selon les données mensuels de l'AIE notamment à partir du rapport mensuel de janvier.
Je devrais reprendre un rythme plus soutenu dans les jours qui viennent.

J'ai intégré dans mes graphiques les données délivrées par l'Agence Internationale de l'Energie dans son rapport mensuel de janvier 2006 qui fût consultable gratuitement début février.

Les données de production mondiale de pétrole sont données dans chaque rapport mensuel pour les trois derniers mois. les données de production d'un mois donné sont donc revues pendant trois rapports mensuels. Je compare donc chaque mois les données à trois mois et les données à un mois.
les écarts sont évidemment toujours à la baisse.

Le rapport de janvier 2006 permet d'avoir une première approximation de la production moyenne de 2005. La production mondiale de liquide énergétique est donc pour l'instant de 84,10 millions de barils par jour ( 1 mb/j) en 2005. La production en 2004 était de 83,05 millions de barils par jour. Elle a donc augmenté de 1 mb/j. Cette hausse de production est assumé entiérement par les pays de l'OPEP.

En effet, la production non-opep est pour l'instant donné constante entre 2004 et 2005 à 50,1 mb/j. cependant, on peut penser qu'elle sera encore revu à la baisse dans les mois qui viennent et donc que la production non-opep est inférieur en 2005 par rapport à 2004. Durant le deuxième semestre 2004, les prévisions de production non-opep donnaient environ 1,4 mb/j de plus en 2005. Les baisses de prévisions se sont étalées sur toute l'année pour finir par une croissance nulle.

Pour 2006, l'AIE annonce une croissance de 1,3 mb/j par rapport à 2005 en janvier 2006. Cette prévision est déjà en baisse de 0,2mb/j par rapport au rapport de  décembre 2005.

Peut on dire que la production non-opep se trouve sur un plateau ou vient de passer son pic de production. C'est bien possible.

Pour 2006, l'AIE compte sur peu de candidats pour sa prévision de croissance  : Russie, Kazakhstan, Azerbaidjan, Brésil,  Angola,  autres pays d'Afrique. C'est tout.
Le reste des pays est en déclin ou en production constante.
Aussi, la Russie va jouer un rôle clé. Si la production russe continue à croitre, alors la production non-opep peut être constante, voire en légère progression en 2006 mais si la production russe venait à décliner alors il y aurait peu de chances de voir la production non-opep croitre.

le rôle des pays producteurs de l'OCDE sera évidemment crucial. La production de l'OCDE a chuté de presque 2 millions de barils ces deux dernières années. les principaux pays producteurs de l'OCDE sont les USA, le Canada, le Mexique, l'UK et la Norvège.
Les USA, l'UK et la Norvège ont vu leur production décliner fortement ces derniers mois. Le Mexique devrait aussi voir sa production entamer son déclin en 2006 car son principal gisement, Cantarell, va entamer son déclin cette année.
Le Canada semble pouvoir augmenter sa production grâce à la mise en production d'un nouveau gisement off-shore.
L'AIE prévoit une production de l'OCDE en léger déclin en 2006 passant de 20,31 à 20,26 mb/j alors que la production 2004 se trouvait à 21,25 mb/j. Aussi, l' OCDE a perdu 1 mb/j entre 2004 et 2005.
Il y a de grandes chances que cela se reproduise en 2006 surtout si la saison des ouragans fait encore des dégats. Cette seul perspective annulerait quasiment la prévision de croissance sur la production non-opep.

revenons sur la production de l'OPEP.
La production de l'OPEP a augmenté de 1 mb/j entre 2004 et 2005.
La croissance de la production de gaz naturel liquide et de pétrole lourd de l'OPEP a augmenté de 0,4 mb/j passant de 4,32 à 4,74 mb/j entre 2004 et 2005.
La production de pétrole conventionnel a augmenté de 0,6 mb/j passant de 28,64 mb/j en 2004 à 29,23 mb/j en 2005.
Cependant, il est intéressant de noter que la production est quasi stable sur les trois derniers trimestres à environ 29,4 mb/j. la production du premier trimestre se trouve à 28,8 mb/j.
Il est encore  plus  étonnant de constater  que la production moyenne du quatrième trimestre 2004 de l'OPEP, 29,52 mb/j n'a pas été dépassé en 2005.
voici les productions trimestrielles de l'OPEP en 2004 et 2005
T1-2004 = 27,92 mb/j
T2-2004 = 28,08 mb/j
T3-2004 = 29,12 mb/j
T4-2004 = 29,52 mb/j
T1-2005 = 28,78 mb/j
T2-2005 = 29,30 mb/j
T3-2005 = 29,47 mb/j
T4-2005 = 29,40 mb/j

Peut-on en conclure que l'OPEP se trouve sur un plateau de production et au maximum de ses possibilités? 2006 nous renseignera un peu plus.

Il est à noter que la hausse de production de 0,6 mb/j entre 2004 et 2005 de l'OPEP est dû en fait au niveau de production plus faible des deux premiers trimestres de 2004. Sinon, celle ci est restée quasi-stable depuis le deuxième semestre 2004.

La question est donc de savoir si l'OPEP est en mesure d'augmenter son niveau de production en 2006 et donc de passer dans la tranche de 30 mb/j? La réponse se trouve sûrement en Arabie Saoudite.

Durant les années 2004 et 2005, la production fût supérieure à la demande. La demande fût de 82 mb/j en 2004 et de 83,3 mb/j en 2005. Aussi, les stocks de pétrole brut et raffinées se sont remplis pendant ces deux années. Il y a peu de chances que cela se reproduise pendant l'année 2006 saauf si la demande fait un plongeon en cas de guerre ou de crise économique cette année.

Pour l'instant, la demande est prévu à 85,2 mb/j pour 2006 avec  une demande de 87 mb/j au cours du dernier trimestre, ce qui représente 2,5 mb/j  en plus de la production actuelle.  C'est considérable.

voici deux graphiques de la production mondiale sur 2004 et 2005. il y a à chaque fois deux courbes, la première est la courbe issue des données à un mois d'intervalle et la deuxième courbe (+2) est la courbe issue des données à trois mois d'intervalle.  cette dernière est plus juste et intégre les accidents de parcours. Elle se trouve en principe en dessous des prévisions à un mois.

Le premier graphique représente la courbe de l'ensemble des liquides énergétiques et le second graphique représente la courbe du pétrole brut. Le pétrole brut ne comptabilise pas le gaz naturel liquide et le pétrole extra-lourd. Il comptabilise le pétrole issu des eaux très profondes.

Dans la deuxième courbe, il est assez étonnant de constater que la production de pétrole brut en 2005 n'a pas dépassé la production d'octobre 2004 à 73,43 mb/j.

Vous pouvez cliquez sur les graphiques pour télécharger les courbes en pdf.


















Makhnovitch.



 
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