Etude approfondi de la production non-opep

Publié le par makhnovitch

Aujourd'hui, je vous propose d'étudier plus en détail la production non-opep entre janvier 2000 et octobre 2005.

J'ai donné un graphique de la production non-opep la semaine dernière à partir des données de l'AIE.

Aujourd'hui, nous allons tenter de déterminer ce qu'il s'est passé ces 5 dernières années au sein de la production non-opep.

Tous les graphiques sont basés sur les informations données par les rapports mensuels de l'AIE et notamment le graphique N°3 des tableaux. Je m'appuie toujours sur les informations données après trois mois de délai (c'est à dire que par exemple le rapport de avril 2000 donnera les informations sur janvier 2000). cela permet d'obtenir des informations plus fiables.

reprenons le graphique de la semaine dernière ( vous pouvez cliquez sur tous les graphiques pour les voir beaucoup mieux en pdf) :





la question qu pose ce graphique est de savoir si le pic de production non-opep a eu lieu en mai 2005 ou pas.

Pour y voir plus clair, J'ai séparé la production en plusieurs catégories.

la première représente la production pétrolière totale du Premier Monde, l'OCDE. l'OCDE regroupe les 30 pays les plus riches de la planète. Les principaux producteurs sont les USA, le Canada, le Mexique, la Grande-Bretagne, la Norvège et dans une moindre mesure le Danemark et l'Australie. Les autres font de la figuration.

La seconde catégorie regroupe les anciens pays de l'URSS. les principaux producteurs sont la Russie, le Kazakhstan et l'Azerbaidjan. Nous séparerons pour simplifier entre la Russie et les autres FSU (Former Soviet Union).
La troisième catégorie regroupe deux pays spécials : le Brésil et l'Angola. ces deux pays ont la particularité d'être le siège d'une production pétrolière en eaux profondes en plein développement depuis 2000.Ces deux catégories ont été regroupés car elles représentent le potentiel de croissance de ces 5 années.  

La dernière catégorie représente le reste du monde : c'est à dire le monde qui ne comprend les 11 pays de l'OPEP, les 30 pays de l'OCDE, les pays de l'ancienne URSS , la Brésil et l'Angola.

Le but de cette étude est de déterminer si le pic de la production non-opep est en vue et ce qui le détermine.

Commençons par regarder la courbe de production non-OPEP sans la Russie.




On peut remarquer que le pic atteint en janvier 2004 n'a pour l'instant pas été dépassé. On peut mesurer l'ampleur de la chute de production depuis mai 2005.
Aussi, un pic semble ici plus visible que la production non-opep.

Maintenant, regardons les productions des différentes catégories que nous avons énumérés.
j'ai regroupé pour l'instant la production ancienne URSS (FSU) et le Brésil et l'Angola.
Il y a donc trois courbes : OCDE, FSU+Brésil+Angola, et les autres.





ce graphique sert à montrer qui décline et qui est en croissance.
la production OCDE a atteint un pic en janvier 2002 puis s'est maintenu avec des accidents à 22 mb/j jusqu'en janvier 2004. c'est à partir de cette date que le déclin s'est réellement amorcé. l'OCDE perdra 1 mb/j au cours de l'année 2004 et se stabilisera jusqu'en mai 2005. Après, ce fut une chute vertigineuse puisque l'OPEP perdra encore 1 mb/j pendant l'été 2005 puis encore un autre million de barils par jour fin août avec les ouragans dans le Golfe du Mexique.
l'OCDE a donc entamé son déclin depuis fin 2001 mais celui ci s'est réellement engagé depuis fin 2003. On peut raisonnablement prévoir que ce déclin va aller en s'accélérant.

En effet, les pays en déclin sont pour l'instant les USA, la Grande-Bretagne, la Norvége, l'Australie.

Le Mexique va entamer son déclin cette année. Certains disent que ce déclin pourrait être très très important du fait que c'est le deuxième gisement au monde, cantarell, qui va entamer son déclin au Mexique. Nous reviendrons dans un article spécifique sur Cantarell.

La Norvège devrait en toute logique rentrer pleinement dans son déclin dans les années qui viennent. Le danemark a entamé son déclin en 2005.

La Grande-Bretagne se trouve actuellement à un niveau de déclin de 15%/an et ne devrait pas en bouger dans les années qui viennent.

je reviendrais aussi ultérieurement sur le déclin de production de l'OCDE car ce seul fait engage des conséquences très graves. Quand on sait que l'OCDE consomme plus de 50 mb/j, plus de 60% du pétrole mondiale, on comprend vite que la baisse de sa capacité de production entraine de facto une dépendance accrue envers le reste du monde et en premier lieu au Moyen-orient.

La question est quand le déclin de l'OCDE va entrainer des ruptures et devenir insoutenables pour l'Europe, le Japon et l'Amérique du Nord.
le déclin du seul gisement Cantarell peut entrainer un déséquilibre entre la demande et l'approvisionnement possible de toute l'Amérique du Nord!

Revenons sur notre graphique. Nous voyons que la courbe de production de  FSU+Brésil+Angola est en forte croissance sur les  5 années entre 2000 et 2005.  C'est en effet ici que la capacité de croissance de la production non-opep se trouve et en premier lieu en Russie comme nous allons ne voir ensuite.

Enfin, le reste du monde a vu une croissance de production de 1 mb/j entre juillet 2003 et octobre 2004. cette croissance se situe en Afrique, en Asie et notamment en Chine. cependant, celle-ci se trouve sur un plateau depuis octobre 2004 mais l'Afrique reste le principal lieu de croissance de production au prix fort pour les populations ( ex:Soudan).

maintenant, nous allons nous intéresser à la production de la Russie et de l'Angola et du Brésil et des autres pays de l'ancienne URSS.



Nous voyons sur ce graphique la croissance très rapide de la production de la Russie entre janvier 2000 et octobre 2004. Celle-ci s'est arrêté en octobre 2004 pour reprendre depuis avril 2005 mais plus calmement.

La Russie a déjà atteint son pic de production en 1987, juste avant l'effondrement de l'URSS à 12 mb/j.

Après l'effondrement de l'URSS, la production a été divisé par deux en 1995 à environ 6 mb/j jusqu'en 2000. c'est avec l'arrivée de Poutine que la production repart à la hausse.
Il faut noter que cette croissance de production est le fait de la remise en service des gisement abandonné dans les années 90 du fait du chaos régnant en Russie. Aussi, elle n'est pas fait de nouvelles découvertes.

Colin Campbell parle de 70 milliards de barils de réserves restantes en Russie. Au niveau de production actuelle de la Russie, 3 Milliards de barils par an, celle ci épuiserait toutes ses réserves en 20 ans.

Il est peu probable qu'elle puisse maintenir très longtemps ce niveau de production.
L'ingénieur iranien Bakhtiari prédit que la production repassera sous la barre des 9 mb/j  d'ici 18 mois. Si c'est le cas, alors il ne restera plus grand monde pour faire face au déclin de l'OCDE.

cependant, vous pouvez noter que la production cumulée des autres pays de l'ancienne URSS, de l'Angola, du Brésil ont vu leur production en forte depuis mi-2004. cela est le résultat des pises en production des gisements en Asie centrale et dans les gisements en eaux profondes d'Angola et du Brésil. Ces lieux correspondent vraiment aux perspectives de croissance des années qui viennent. Mais il est peu probable que cela suffise sans l'aide la Russie pour compenser le déclin des autres pays.

les perspectives du reste du monde reste limité car beaucoup sont déjà en déclin. Nous y reviendront plus tard.

Enfin, dans ma recherche , je suis tombé sur une curiosité. La courbe de production non-opep amputé de l'OCDE est une courbe presque rectiligne. C'est pourquoi j'y ai mis une courbe de tendance linéaire. La croissance moyenne de la production non-opep sans l'OCDE est exactement de 1,2 mb/j/an entre 2000  et 2005. Hors, le déclin de production de l'OCDE entre janvier 2004 et janvier 2005 est de 1 mb/j.  Pour 2005, le chiffre n'est pas encore déterminé mais la moyenne devrait être supérieur.

Cette croissance de 1,2 mb/j va-t-elle se poursuivre dans les années qui viennent. La réponse déterminera la date où la production non-opep entamera réellement son déclin.




Au terme de cette étude, que peut on en conclure?
On a vu que la croissance de production provenait principalement de la Russie puis ces deux dernières années des autres pays de l'ancienne URSS (Kazakhstan, Azerbaidjan) et du Brésil et de l'Angola.

On a vu que l' OCDE avait entamé son déclin en 2003 après son pic en 2001.

On a vu aussi que la production de la Russie semblait être arrivé sur un plateau bien que le deuxième pic de production ne soit pas encore atteint.

Aussi, la réponse se trouve entre le comportement de la Russie et de l'OCDE dans les années qui viennent.

Si le déclin de l'OCDE s'accélére et si la Russie atteint son pic dans les deux années qui viennent alors il est très probable que la production mondiale  de pétrole en dehors des pays de l'OPEP entame son déclin. les conséquences sont évidemment une pression accrue sur les pays de l'OPEP et en premier lieu ceux du Moyen-Orient regroupant plus de moitié des réserves mondiales!

Vous pouvez imaginer et méditer sur les lourdes conséquences géopolitiques que cela entraine... Sans même parler du pic pétrolier mondial, la dépendance du monde à l'égard des pays de l'OPEP va devenir incroyablement dangeureuse pour le monde. En premier lieu, l'OCDE va se retrouver avec des importations croissantes de pétrole qui vont alourdir les déficits commerciaux, les déficits publics et surement entamer les monnaies.

Mais le vrai problème est la guerre. Le centre du monde est en train de se déplacer et les USA et l'Europe sont en train de perdre de leur influence politique tout simplement parceque les pays producteurs comme la Russie et l'Iran, ou le Venezuela se sentent de moins en moins ligoté par la finance occidentale par les revenues pétroliers conséquents qu'ils encaissent.

le déclin de l'occident nous mène tout droit à la guerre si nous, la population occidentale, ne réagissont pas pour empêcher une véritable boucherie générale pour s'arracher le pétrole restant et ne changeons pas notre mode de vie trop confortable très très rapidement!

Bonne nuit, je vais me coucher.

Makhnovitch.


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A
Oui c'est du très beau travail.Mais n'avez vous pas peur d'être manipuler par ceux qui justementspécule sur le prix du baril et de leur faciliter la tache.?alexandre martin
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M
Je ne suis manipulé par personne. Dans cet article, j'ai pris les données issues des rapports mensuels de l'AIE et j'ai travaillé dessus. La spéculation se nourrit des tensions, elle n'en est pas le moteur. Mon but n'est pas de faciliter la tâche aux spéculateurs mais d'informer sur la situation pour faire prendre conscience que nous sommes dans une situation périlleuse.Makhnovitch.
O
Bonjour,<br /> Vous faite du trés bon travail.<br /> Merci.
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