Reprise et analyse de la situation
Reprise
Je reviens enfin aux commandes de terredebrut après cette trop longue absence.
Je m'en excuse auprès de ceux qui attendaient impatiemment de nouveaux articles.
Ce long arrêt m'a permis de faire le point sur beaucoup de choses et je reprend donc l'écriture avec plus de sérénité et de calme.
Le projet terredebrut est toujours dans les cartons et va évoluer tout au long de la seconde partie de l'année.
Je remercie toutes les personnes qui ont répondu au questionnaire et je les assure que le projet mentionné dans ce questionnnaire n'est pas abandonné mais il a subi des retards.
Pour l'instant, en attendant, je reprends l'écriture sur terredebrut.org.
La production pétrolière et les stocks commerciaux de l'OCDE
Il s'est passé beaucoup d'événements depuis novembre 2007 sur la scène énergétique. Aussi, il est impossible de revenir sur l'ensemble. Je me concentre donc sur la production pétrolière.
J'avais signalé en juillet 2007 que la demande se trouvait en train de dépasser définitivement la production et que par, conséquent, les stocks commerciaux de l'OCDE devraient décliner. J'avais lancé une alerte sur le risque que les stocks commerciaux déscendent vers des niveaux proches de la pénurie dès l'hiver 2007-2008.
Les stocks ont effectivement décliné entre juillet et décembre 2007.
Mais, en janvier 2008, on assista à un renflouement des stocks qui fut totalement reperdu en février puis les stocks en mars-avril ont décliné très légérement.
Aussi, en mars-avril de l'année 2008, partie de l'année où les stocks sont historiquement les plus bas, nous avons échappé à des niveaux critiques de stocks totaux au sein de l'OCDE.
Pourquoi?
La raison tient principalement dans la croissance de la production de l'OPEP et surtout dans trois de ses pays adhérents : l'Arabie Saoudite, l'Angola et l'Irak.
En effet, la production pétrolière mondiale est tombé à son niveau le plus bas de l'année en août 2007 à 83,7 mb/j selon les chiffres de l'USEIA et 84,56 mb/j selon l'AIE.
Mais, par la suite, la production mondiale est remontée en février 2008 à 85,82 mb/j pour l'USEIA et aux environs de 87 mb/j pour l'AIE.
Cela représente une assez forte progression de la production mondiale entre août 2007 et février 2008 de l'ordre de 2,2 mb/j pour l'USEIA et 2,5 mb/j pour l'AIE.
Si l'on analyse uniquement la production de pétrole brut (hors NGL, gains en raffinerie et agrocarburants) d'après les données de l'USEIA, on trouve aussi une progression de 2,25 mb/j entre août 2007 et février 2008. Si l'on regarde quels pays ont permis cette progression, on trouve que la production en dehors de l'OPEP a augmenté de 0,6 mb/j entre août et octobre 2007 suite à la fin des périodes de maintenance des installations pétrolières notamment en Mer du Nord puis est resté à peu près stable jusqu'en février 2008. Cela représente 28% de la croissance sur la période étudié.
Ensuite, si l'on prend les pays de l'OPEP à l'exception de l'Arabie Saoudite, de l'Angola et de l'Irak, on trouve que ces 10 pays ont pu augmenter leur production de 0,373 mb/j entre août 2007 et février 2008, ce qui ne représente que 11% de la croissance totale. Ces dix pays sont : l'Iran, le Koweit, le Qatar, les Emirats Arabes Unis, le Nigéria, l'Algérie, la Lybie, le Vénézuela, l'Equateur et l'Indonésie. Parmi ces dix pays, le Vénézuela, l'Equateur et l'Indonésie sont clairement en déclin géologique et la production du Nigéria décline pour des raisons politiques. Les 6 autres pays semblent se trouver sur un plateau avec des capacités de production supplémentaires très restreintes.
Enfin, les trois autres pays de l'OPEP, l'Arabie Saoudite, l'Irak et l'Angola on augmenté leur production cumulée de 1,273 mb/j sur les 6 mois considérés, ce qui représente quand même 56% de la croissance mondiale de la production de pétrole brut. L'Arabie Saoudite a augmenté sa production de 0,6 mb/j, l'Irak de 0,4 mb/j et l'Angola de 0,273 mb/j.
C'est donc bien ces trois pays qui ont permis à la production mondiale de pétrole brut de dépasser son record de mai 2005, qui était de 74,298 mb/j , en janvier 2008 pour atteindre 74,628 mb/j en février 2008. Le record de mai 2005 fût donc indépassé pendant 30 mois.
La production mondiale est ensuite redescendu en mars 2008.
Le record de juillet 2006 pour la production mondiale tout liquide fut aussi dépassé en décembre 2007 pour l'USEIA.
En juillet 2007, on ne savait pas si l'OPEP serait capable de remonter la pente que sa production avait descendu depuis l'été 2006. En fait, celle-ci possèdait bien certaines capacités supplémentaires de production.
Cependant, il est à noter que le groupe des 10 pays de l'OPEP, en dehors de l'Arabie Saoudite, de l'Angola et de l'Irak, n'a pu ramener sa production cumulée au niveau de 2005 et il y a peu de chance que ce niveau soit redépassé un jour.
Pour l'Angola, ce pays poursuit la progression de la production de la même manière que quand il se trouvait en dehors de l'OPEP. Sa production de pétrole brut devrait atteindre 2 mb/j d'ici fin 2008 et son pic vers 2011 à 2,5 mb/j. La hausse de production au sein de ce pays est donc sans surprise.
Pour l'Irak par contre, il semble que la situation s'améliore et que l'industrie pétrolière se redresse. La production continue à progresser actuellement et à atteint un record post-guerre en mai 2008 à 2,5 mb/j. Le gouvernement irakien a signé des accords de développement de gisements avec des grandes compagnies pétrolières et a annoncé des possiilités de croissance de l'ordre 0,6 mb/j dans les prochains mois. L'Irak est vraiment le pays joker dans l'équation pétrolière mondiale. Il peut avoir une influence très importante sur l'évolution de la situation dans les prochaines années. Sil il se trouvait que sa production pétrolière croissait fortement, il pourrait être en mesure de reculer le début du déclin de la production mondiale et permettre la poursuite du plateau de production.
Quant à l'Arabie Saoudite, celle-ci a augmenté sa production de 0,6 mb/j en 6 mois. Elle possédait donc des capacités supplémentaires mais qui n'étaient pas mobilisables en l'espace de 30 jours mais sur 6 mois...
Après une pause en mars-avril, L'Arabie Saoudite a repris la progression de sa production pétrolière en mai-juin et annonce encore une augmentation en juillet pour peut-être atteindre un record absolu de sa production de pétrole brut à 9,7 mb/j.
Ce pays possède-t-il les capacités qu'il prétend? La discussion prendrait trop de temps dans cet article et le débat reste toujours ouvert à ce jour. Il existe un certain nombre d'hypothèses largement débattu a sein de la communauté des piquistes.
Une chose est certaine : l'Arabie Saoudite est le pays à qui l'on s'adresse en dernier recours. Il y a une certaine hiérarchie dans l'équation du marché pétrolier mondial. Pour satisfaire la croissance de la demande mondiale, on regarde d'abord la croissance non-OPEP puis les agences internationales déterminent ce qu'ils appellent le "Call on OPEP" qui représente la quantité de pétrole que les pays de l'OPEP doivent produire pour satisfaire la demande mondiale, qui représente en fait la différence entre croissance non-OPEP et croissance de la demande mondiale ajusté de certains paramètres correcteurs. Ensuite, au sein des pays de l'OPEP, tout le monde ne possède pas les mêmes capacités supplémentaires et certains n'en possèdent aucune, voir même déclinent quel que soit le "Call on OPEP". Aussi, l'Arabie Saoudite est le pays qui en dernière instance ajuste sa production après celle des autres pays de l'OPEP.
Or, l'USEIA considère que tous les pays de l'OPEP en dehors de l'Arabie Saoudite ne possède plus de capacité supplémentaire depuis février 2008 tandis que l'Arabie saoudite aurait réduit aussi sa capacité supplémentaire officielle jusqu'à 1,4 mb/j en mai 2008. Pour l'AIE, la capacité supplémentaire effective de l'OPEP est descendu à moins de 2 mb/j en mai 2008 avec 1,45 mb/j pour l'Arabie saoudite et 0,5 mb/j pour les autres pays de l'OPEP.
C'est donc l'évolution de la production saoudienne qui aura le dernier mot sur le pic pétrolier mondial. C'est un fait.
Concernant la production non-OPEP, celle ci est mois après mois révisé à la baisse et l'AIE prévoit maintenant que la croissance de la production non-OPEP en 2008 ne sera plus que de 0,45 mb/j. En fait, la production de chacun des trois derniers trimestres est inférieure à celle du même trimestre l'année précédente. Les agences comptent maintenant sur une très forte progression de la production au quatrième trimestre 2008.
Selon mon analyse que je développerais dans des articles ultérieurs, (si, si, je vous assure), la production non-OPEP est actuellement en train de piquer. Il ne peut encore être déterminé si le pic sera en 2007 ou 2008 mais il ne sera assurément pas en 2009, ni en 2010. Il faut savoir que sur les 0,45 mb/j de croissance que l'AIE prévoit actuellement pour la production non-OPEP, il y a 0,33 mb/j de croissance des agrocarburants, ce qui ne laisse plus que 0,12 mb/j pour le reste que l'on peut trouver dans les projets de développements des sables bitumineux canadiens. Par conséquent, on peut déjà considérer que la production conventionnel de pétrole brut non-OPEP a piqué en 2007 et qu'il reste à déterminer si la production tout liquide piquera en 2007 ou 2008.
L'une des principales raisons est le déclin de la production russe depuis octobre 2007. Celle-ci concentre 20% de la production non-OPEP. Or, la production de l'OCDE est en déclin depuis 2001 et concentre 40% de la production non-OPEP.
En fait, si l'on regarde le tableau 3 du rapport mensuel de l'AIE, on voit que les agences ne comptent désormais plus que sur 4 pays pour compenser le déclin du reste : l'Azerbaijan, le Kazakhstan, la Chine et le Brésil. Ces 4 pays seraient capables collectivement d'accroitre leur production de 0,6 mb/j alors que l'OCDE décroitrait de 0,4 mb/j et les autres pays parviendrait à accroitre leur production de 0,09 mb/j. Les gains en raffinerie et les agrocarburants en dehors des USA et du Brésil s'accroitraient de 0,15 mb/j.
Le pic pétrolier non-OPEP a évidemment de profondes implications sur le monde car il n'y a désormais plus que l'OPEP qui puisse assurer la satisfaction de la croissance de la demande mondiale.
Aussi, il est plus compréhensible que la pression s'accroisse sur l'Arabie Saoudite, seul pays de l'OPEP qui puisse avoir des réserves de production...
Les derniers événements montrent que le processus du pic pétrolier mondial se produit bien par palier progressif.
En effet, on peut revenir sur le pic non-OPEP et non-ex-URSS qui s'est produit en 2002 pour le pétrole conventionnel et en 2003 pour le pétrole tout liquide. Il s'en est suivi immédiatement une hausse des cours mondiaux du pétrole qui s'est accéléré au fur et à mesure. Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle phase du processus avec le pic non-OPEP.
On peut maintenant reconnaitre que les cours mondiaux évoluent selon une courbe exponentielle. Ce nouveau stade s'est ouvert avec une hausse vertigineuse des cours au début de l'année 2008.
Il faut bien vous dire que ce n'est toujours que le début...
Vu que l'OPEP possède des capacités limitées de production supplémentaires se concentrant au sein de trois pays, le pic mondial de production de pétrole brut et tout liquide devrait suivre le pic non-OPEP. Mon estimation est que le pic pétrolier mondial se produira dans la fourchette 2008-2010 suivant les capacités à venir de l'Irak et de l'Arabie Saoudite.
L'équilibre précaire entre offre et demande mondiale obtenu depuis le début de l'année 2008 pourrait se briser dans les mois qui viennent surtout si la production non-OPEP ne bondit pas au quatrième trimestre 2008. Les stocks commerciaux de l'OCDE recommenceront alors à décliner, les cours mondiaux exploseront, et les risques de pénuries réelles atteindront les pays développés aprè s'être déjà progressivement etendu dans les pays pauvres depuis l'année dernière.
Il est à noter que les produits distillés comprenant le diesel et le fioul se trouve particulièrement sous pression depuis quelques mois. Les stocks sont très bas et la demande ne fléchit pas. Les automobilistes roulant au diesel ont pu le constater, le diesel , ce n'est plus intéressant...
Les raisons sont multiples mais, parmi elles, il se trouve que bon nombre de pays connaissent actuellement des pénuries structurelles d'électricité et les particuliers et industriels s'équipent avec des générateurs diesel acroissant considérablement la demande mondiale. Il y a déjà au sein de certains pays des pénuries de diesel.
Si il se développe des pénuries réelles de produits pétroliers l'hiver prochain au sein des pays développés, il est donc très probable que cela se concentre sur le diesel et le fioul. Les possesseurs de chaudières au fioul vont donc être très exposé face à la hausse des cours l'hiver prochain.
Emmanuel Broto.
Je reviens enfin aux commandes de terredebrut après cette trop longue absence.
Je m'en excuse auprès de ceux qui attendaient impatiemment de nouveaux articles.
Ce long arrêt m'a permis de faire le point sur beaucoup de choses et je reprend donc l'écriture avec plus de sérénité et de calme.
Le projet terredebrut est toujours dans les cartons et va évoluer tout au long de la seconde partie de l'année.
Je remercie toutes les personnes qui ont répondu au questionnaire et je les assure que le projet mentionné dans ce questionnnaire n'est pas abandonné mais il a subi des retards.
Pour l'instant, en attendant, je reprends l'écriture sur terredebrut.org.
La production pétrolière et les stocks commerciaux de l'OCDE
Il s'est passé beaucoup d'événements depuis novembre 2007 sur la scène énergétique. Aussi, il est impossible de revenir sur l'ensemble. Je me concentre donc sur la production pétrolière.
J'avais signalé en juillet 2007 que la demande se trouvait en train de dépasser définitivement la production et que par, conséquent, les stocks commerciaux de l'OCDE devraient décliner. J'avais lancé une alerte sur le risque que les stocks commerciaux déscendent vers des niveaux proches de la pénurie dès l'hiver 2007-2008.
Les stocks ont effectivement décliné entre juillet et décembre 2007.
Mais, en janvier 2008, on assista à un renflouement des stocks qui fut totalement reperdu en février puis les stocks en mars-avril ont décliné très légérement.
Aussi, en mars-avril de l'année 2008, partie de l'année où les stocks sont historiquement les plus bas, nous avons échappé à des niveaux critiques de stocks totaux au sein de l'OCDE.
Pourquoi?
La raison tient principalement dans la croissance de la production de l'OPEP et surtout dans trois de ses pays adhérents : l'Arabie Saoudite, l'Angola et l'Irak.
En effet, la production pétrolière mondiale est tombé à son niveau le plus bas de l'année en août 2007 à 83,7 mb/j selon les chiffres de l'USEIA et 84,56 mb/j selon l'AIE.
Mais, par la suite, la production mondiale est remontée en février 2008 à 85,82 mb/j pour l'USEIA et aux environs de 87 mb/j pour l'AIE.
Cela représente une assez forte progression de la production mondiale entre août 2007 et février 2008 de l'ordre de 2,2 mb/j pour l'USEIA et 2,5 mb/j pour l'AIE.
Si l'on analyse uniquement la production de pétrole brut (hors NGL, gains en raffinerie et agrocarburants) d'après les données de l'USEIA, on trouve aussi une progression de 2,25 mb/j entre août 2007 et février 2008. Si l'on regarde quels pays ont permis cette progression, on trouve que la production en dehors de l'OPEP a augmenté de 0,6 mb/j entre août et octobre 2007 suite à la fin des périodes de maintenance des installations pétrolières notamment en Mer du Nord puis est resté à peu près stable jusqu'en février 2008. Cela représente 28% de la croissance sur la période étudié.
Ensuite, si l'on prend les pays de l'OPEP à l'exception de l'Arabie Saoudite, de l'Angola et de l'Irak, on trouve que ces 10 pays ont pu augmenter leur production de 0,373 mb/j entre août 2007 et février 2008, ce qui ne représente que 11% de la croissance totale. Ces dix pays sont : l'Iran, le Koweit, le Qatar, les Emirats Arabes Unis, le Nigéria, l'Algérie, la Lybie, le Vénézuela, l'Equateur et l'Indonésie. Parmi ces dix pays, le Vénézuela, l'Equateur et l'Indonésie sont clairement en déclin géologique et la production du Nigéria décline pour des raisons politiques. Les 6 autres pays semblent se trouver sur un plateau avec des capacités de production supplémentaires très restreintes.
Enfin, les trois autres pays de l'OPEP, l'Arabie Saoudite, l'Irak et l'Angola on augmenté leur production cumulée de 1,273 mb/j sur les 6 mois considérés, ce qui représente quand même 56% de la croissance mondiale de la production de pétrole brut. L'Arabie Saoudite a augmenté sa production de 0,6 mb/j, l'Irak de 0,4 mb/j et l'Angola de 0,273 mb/j.
C'est donc bien ces trois pays qui ont permis à la production mondiale de pétrole brut de dépasser son record de mai 2005, qui était de 74,298 mb/j , en janvier 2008 pour atteindre 74,628 mb/j en février 2008. Le record de mai 2005 fût donc indépassé pendant 30 mois.
La production mondiale est ensuite redescendu en mars 2008.
Le record de juillet 2006 pour la production mondiale tout liquide fut aussi dépassé en décembre 2007 pour l'USEIA.
En juillet 2007, on ne savait pas si l'OPEP serait capable de remonter la pente que sa production avait descendu depuis l'été 2006. En fait, celle-ci possèdait bien certaines capacités supplémentaires de production.
Cependant, il est à noter que le groupe des 10 pays de l'OPEP, en dehors de l'Arabie Saoudite, de l'Angola et de l'Irak, n'a pu ramener sa production cumulée au niveau de 2005 et il y a peu de chance que ce niveau soit redépassé un jour.
Pour l'Angola, ce pays poursuit la progression de la production de la même manière que quand il se trouvait en dehors de l'OPEP. Sa production de pétrole brut devrait atteindre 2 mb/j d'ici fin 2008 et son pic vers 2011 à 2,5 mb/j. La hausse de production au sein de ce pays est donc sans surprise.
Pour l'Irak par contre, il semble que la situation s'améliore et que l'industrie pétrolière se redresse. La production continue à progresser actuellement et à atteint un record post-guerre en mai 2008 à 2,5 mb/j. Le gouvernement irakien a signé des accords de développement de gisements avec des grandes compagnies pétrolières et a annoncé des possiilités de croissance de l'ordre 0,6 mb/j dans les prochains mois. L'Irak est vraiment le pays joker dans l'équation pétrolière mondiale. Il peut avoir une influence très importante sur l'évolution de la situation dans les prochaines années. Sil il se trouvait que sa production pétrolière croissait fortement, il pourrait être en mesure de reculer le début du déclin de la production mondiale et permettre la poursuite du plateau de production.
Quant à l'Arabie Saoudite, celle-ci a augmenté sa production de 0,6 mb/j en 6 mois. Elle possédait donc des capacités supplémentaires mais qui n'étaient pas mobilisables en l'espace de 30 jours mais sur 6 mois...
Après une pause en mars-avril, L'Arabie Saoudite a repris la progression de sa production pétrolière en mai-juin et annonce encore une augmentation en juillet pour peut-être atteindre un record absolu de sa production de pétrole brut à 9,7 mb/j.
Ce pays possède-t-il les capacités qu'il prétend? La discussion prendrait trop de temps dans cet article et le débat reste toujours ouvert à ce jour. Il existe un certain nombre d'hypothèses largement débattu a sein de la communauté des piquistes.
Une chose est certaine : l'Arabie Saoudite est le pays à qui l'on s'adresse en dernier recours. Il y a une certaine hiérarchie dans l'équation du marché pétrolier mondial. Pour satisfaire la croissance de la demande mondiale, on regarde d'abord la croissance non-OPEP puis les agences internationales déterminent ce qu'ils appellent le "Call on OPEP" qui représente la quantité de pétrole que les pays de l'OPEP doivent produire pour satisfaire la demande mondiale, qui représente en fait la différence entre croissance non-OPEP et croissance de la demande mondiale ajusté de certains paramètres correcteurs. Ensuite, au sein des pays de l'OPEP, tout le monde ne possède pas les mêmes capacités supplémentaires et certains n'en possèdent aucune, voir même déclinent quel que soit le "Call on OPEP". Aussi, l'Arabie Saoudite est le pays qui en dernière instance ajuste sa production après celle des autres pays de l'OPEP.
Or, l'USEIA considère que tous les pays de l'OPEP en dehors de l'Arabie Saoudite ne possède plus de capacité supplémentaire depuis février 2008 tandis que l'Arabie saoudite aurait réduit aussi sa capacité supplémentaire officielle jusqu'à 1,4 mb/j en mai 2008. Pour l'AIE, la capacité supplémentaire effective de l'OPEP est descendu à moins de 2 mb/j en mai 2008 avec 1,45 mb/j pour l'Arabie saoudite et 0,5 mb/j pour les autres pays de l'OPEP.
C'est donc l'évolution de la production saoudienne qui aura le dernier mot sur le pic pétrolier mondial. C'est un fait.
Concernant la production non-OPEP, celle ci est mois après mois révisé à la baisse et l'AIE prévoit maintenant que la croissance de la production non-OPEP en 2008 ne sera plus que de 0,45 mb/j. En fait, la production de chacun des trois derniers trimestres est inférieure à celle du même trimestre l'année précédente. Les agences comptent maintenant sur une très forte progression de la production au quatrième trimestre 2008.
Selon mon analyse que je développerais dans des articles ultérieurs, (si, si, je vous assure), la production non-OPEP est actuellement en train de piquer. Il ne peut encore être déterminé si le pic sera en 2007 ou 2008 mais il ne sera assurément pas en 2009, ni en 2010. Il faut savoir que sur les 0,45 mb/j de croissance que l'AIE prévoit actuellement pour la production non-OPEP, il y a 0,33 mb/j de croissance des agrocarburants, ce qui ne laisse plus que 0,12 mb/j pour le reste que l'on peut trouver dans les projets de développements des sables bitumineux canadiens. Par conséquent, on peut déjà considérer que la production conventionnel de pétrole brut non-OPEP a piqué en 2007 et qu'il reste à déterminer si la production tout liquide piquera en 2007 ou 2008.
L'une des principales raisons est le déclin de la production russe depuis octobre 2007. Celle-ci concentre 20% de la production non-OPEP. Or, la production de l'OCDE est en déclin depuis 2001 et concentre 40% de la production non-OPEP.
En fait, si l'on regarde le tableau 3 du rapport mensuel de l'AIE, on voit que les agences ne comptent désormais plus que sur 4 pays pour compenser le déclin du reste : l'Azerbaijan, le Kazakhstan, la Chine et le Brésil. Ces 4 pays seraient capables collectivement d'accroitre leur production de 0,6 mb/j alors que l'OCDE décroitrait de 0,4 mb/j et les autres pays parviendrait à accroitre leur production de 0,09 mb/j. Les gains en raffinerie et les agrocarburants en dehors des USA et du Brésil s'accroitraient de 0,15 mb/j.
Le pic pétrolier non-OPEP a évidemment de profondes implications sur le monde car il n'y a désormais plus que l'OPEP qui puisse assurer la satisfaction de la croissance de la demande mondiale.
Aussi, il est plus compréhensible que la pression s'accroisse sur l'Arabie Saoudite, seul pays de l'OPEP qui puisse avoir des réserves de production...
Les derniers événements montrent que le processus du pic pétrolier mondial se produit bien par palier progressif.
En effet, on peut revenir sur le pic non-OPEP et non-ex-URSS qui s'est produit en 2002 pour le pétrole conventionnel et en 2003 pour le pétrole tout liquide. Il s'en est suivi immédiatement une hausse des cours mondiaux du pétrole qui s'est accéléré au fur et à mesure. Aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle phase du processus avec le pic non-OPEP.
On peut maintenant reconnaitre que les cours mondiaux évoluent selon une courbe exponentielle. Ce nouveau stade s'est ouvert avec une hausse vertigineuse des cours au début de l'année 2008.
Il faut bien vous dire que ce n'est toujours que le début...
Vu que l'OPEP possède des capacités limitées de production supplémentaires se concentrant au sein de trois pays, le pic mondial de production de pétrole brut et tout liquide devrait suivre le pic non-OPEP. Mon estimation est que le pic pétrolier mondial se produira dans la fourchette 2008-2010 suivant les capacités à venir de l'Irak et de l'Arabie Saoudite.
L'équilibre précaire entre offre et demande mondiale obtenu depuis le début de l'année 2008 pourrait se briser dans les mois qui viennent surtout si la production non-OPEP ne bondit pas au quatrième trimestre 2008. Les stocks commerciaux de l'OCDE recommenceront alors à décliner, les cours mondiaux exploseront, et les risques de pénuries réelles atteindront les pays développés aprè s'être déjà progressivement etendu dans les pays pauvres depuis l'année dernière.
Il est à noter que les produits distillés comprenant le diesel et le fioul se trouve particulièrement sous pression depuis quelques mois. Les stocks sont très bas et la demande ne fléchit pas. Les automobilistes roulant au diesel ont pu le constater, le diesel , ce n'est plus intéressant...
Les raisons sont multiples mais, parmi elles, il se trouve que bon nombre de pays connaissent actuellement des pénuries structurelles d'électricité et les particuliers et industriels s'équipent avec des générateurs diesel acroissant considérablement la demande mondiale. Il y a déjà au sein de certains pays des pénuries de diesel.
Si il se développe des pénuries réelles de produits pétroliers l'hiver prochain au sein des pays développés, il est donc très probable que cela se concentre sur le diesel et le fioul. Les possesseurs de chaudières au fioul vont donc être très exposé face à la hausse des cours l'hiver prochain.
Emmanuel Broto.