Depêche permettant de mesurer l'anxiété grandissante des marchés pétroliers

Publié le par makhnovitch

Le marché du pétrole entre dans une période de haute tension
 

Par Véronique DUPONT
sam 16 jui, 11h48


PARIS (AFP) - Le marché du pétrole devrait rester tendu cet été en raison de stocks d'essence faibles et de problèmes de raffinage aux Etats-Unis, alors que l'Opep exclut d'augmenter sa production de brut à l'orée du pic annuel de consommation et de la saison cyclonique.

Les prix du pétrole se sont rapprochés cette semaine de leurs plus hauts niveaux de l'année, à près de 68 dollars le baril à New York et plus de 71 dollars pour le Brent à Londres.

L'été dernier, ils avaient frôlé la barre des 80 dollars, sur fond de guerre Liban-Israël, avant de retomber à 50 dollars à la mi-janvier.

Si le marché est assez approvisionné en brut pour le moment, les prix restent très élevés en raison "d'une simultanéité de problèmes", commente Moncef Kaabi, analyste de Natixis (Paris: FR0000120685 - actualité) .

Les raffineries américaines ne parviennent pas à produire assez, alors que leur période de maintenance n'est pas achevée et à cause de nombreux problèmes" ayant occasionné des interruptions d'activité, remarque Leo Drollas, du Centre for Global energy studies (CGES).

A cela s'ajoutent des problèmes géopolitiques, entre les troubles politiques qui perturbent la production du Nigeria, les craintes liées au programme nucléaire iranien et l'éventualité d'une intervention turque dans le nord de l'Irak.

Mais aussi des difficultés conjoncturelles avec la demande chinoise d'essence, qui augmente de "9% chaque mois", souligne M. Kaabi, et climatiques, alors que la saison des cyclones va commencer, et avait très fortement pertubé le raffinage dans la région du Golfe du Mexique en 2004 et 2005.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) exclut toujours de mettre significativement plus de brut sur le marché, ignorant les appels répétés de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

Celle-ci a encore estimé cette semaine que si l'Opep n'augmentait pas son offre d'ici fin juin, quand les raffineries américaines seront prêtes à accélérer leur production d'essence, l'approvisionnement risquerait d'être insuffisant pour la "driving season" américaine, pic de la consommation annuelle de carburant.

"L'approvisionnement des marchés pétroliers est suffisant", a rétorqué Mohammed el-Hameli, ministre émirati de l'Energie et président de l'Opep, expliquant la hausse des cours du brut par "les tensions politiques dans certaines régions de production, la spéculation et la congestion dans les raffineries de pays consommateurs".

Pour Moncef Kaabi, l'Opep veut maximiser les prix.

Leo Drollas juge pour sa part qu'il "y a une capacité de raffinage excédentaire dans le monde" mais que l'Arabie saoudite, seul pays de l'Opep à disposer d'une marge de production substantielle, refuse de vendre son brut moyen et lourd, le moins facile à raffiner, "à un prix suffisamment bas pour que ce soit rentable" pour les raffineurs.

Les membres du cartel font valoir qu'ils s'inquiètent de la demande pétrolière à long terme, alors que les pays industrialisés développent des programmes de transfert vers les énergies alternatives, notamment les biocarburants.

Mais, remarque M. Drollas, l'Opep ne peut "s'en prendre qu'à elle-même car c'est à cause du prix élevé" de l'or noir que les pays consommateurs veulent réduire leur dépendance aux hydrocarbures.

Ce cercle vicieux risque de se poursuivre cet été: "une crise avec l'Iran ou la Turquie pourrait pousser les prix vers de nouveaux records", avertit M. Drollas.

Philippe Chalmin, professeur d'économie à Paris Dauphine et spécialiste des matières premières, va jusqu'à affirmer que "s'il y a le moindre cyclone, les prix pourraient dépasser 100 dollars le baril".




 

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J
La capacité de l'Arabie Saoudite à adapter sa production à la demande semble fortement atteinte.En effet, la courbe de production de l'Arabie Saoudite stagne sur un plateau depuis 2004. Parallèlement, le nombre de puits, à peu près constant jusqu'alors, a brusquement augmenté.Mais le fait de creuser des puits n'a suffi qu'à maintenir la production sur le plateau sus-évoqué. Nous observons même un déclin depuis lee premier semestre 2006.Référence : http://www.leblogenergie.com/2007/05/ghawar_dclin_co.html
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M
Vous avez raison. merci pour le lien. Je n'ai pas encore traité le cas de l'Arabie Saoudite. celle-ci a perdu 1 mb/j depuis septembre 2005 passant de  9,6 mb/j à 8,55 mb/j. De nombreuses analyses ont été faites sur sa production. le déclin s'est considérablement accéléré depuis mi-2006 en effet pui s'est stabilisé depuis quelques mois. Mais ces derniers ont annoncé une baisse de leur exportations vers l'Asie pour juillet 2007....makhnovitch.