Retour vers le futur proche
Aujourd'hui, le rapport mensuel de l'AIE de juillet 2007 vient d'être rendu public.
On peut y voir que la production mondiale tout liquide a baissé de 500 000 b/j entre mai et juin après une baisse de 700 000 b/j entre avril et mai.
Ainsi, la production mondiale est descendue à 84,3 mb/j en juin 2007 un mois avant que la demande ne se propulse à plus de 86 mb/j au troisième trimestre 2007 pour continuer sa course folle à 88 mb/j au dernier trimestre 2007 et finir à 88,5 mb/j au premier trimestre 2008.
Nous avons évoqué le problème de l'adéquation entre l'offre et la demande dans des articles précédents. Je continue à dire que juillet 2007 constitue le point de bascule entre l'offre et la demande. Les marché pourraient prendre conscience de cette réalité en septembre quand la situation va s'aggraver et suivant la réponse donnée par l'OPEP lors de sa réunion en septembre 2007.
Nous allons montrer d'où vient la pression qui va peser sur l'OPEP dans les prochains mois.
Mais d'abord revenons sur une actualisation des graphiques de la production mondiale à partir des données de l'AIE et de l'EIA.

Par rapport au mois précédent, on peut voir un changement au printemps 2007 entrainant les courbes de tendance des deux courbes vers le bas.
Mais regardons la même courbe mais sur une période plus courte à partir de juin 2004.

Dans ce plan plus rapproché de la courbe de production mondiale, on peut apprécier la chute de production décrite par l'AIE au printemps 2007. Celle ci est principalement dû à des arrêts de production au Canada et en Mer du Nord pour de la maintenance. Il faut noter que les arrêts de maintenance sont de plus en plus importants mais ceux-ci ne peuvent être compenser par aucune croissance de production ailleurs dans le monde.
Il semble que ce printemps nous montre deux choses : la production au sein de l'OCDE est reparti à la baisse après une période de stabilité provisoire dans la seconde partie de 2006 jusqu'en février 2007. Deuxièmement, il n'existe aujourd'hui que peu de gisements de croissance dans le monde pour compenser le déclin de l'OCDE. On peut noter l'Angola, le Brésil, l'Azerbaijan, la production de NGL par l'OPEP et la production d'agrocarburants .
Les possibilités de l'OPEP ne sont jamais très claires mais selon le rapport mensuel de l'AIE de juin, il 'y aurait en fait que 0,35 mb/j de capacité supplémentaire de pétrole brut léger et sans soufre. En effet, la capacité supplémentaire de l'Arabie Saoudite et du Koweit serait composée entièrement de pétrole lourd et plein de soufre difficile à traiter en raffinerie et donc guère utilisable en cette période où les raffineries sont déjà mises à rudes épreuves.
L'AIE prévoie une augmentation assez importante de la production non-OPEP ajoutée à la production de NGL et de pétrole non-conventionnel de l'OPEP au dernier trimestre 2007 et au premier trimestre 2008. Je pense que cette prévision est très optimiste et ne se réalisera pas dans les proportions prévues par l'AIE. Comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous, l'AIE prévoit une augmentation de la production non-OPEP+NGL de l'OPEP de 2 mb/j du troisième trimestre 2007 au premier trimestre 2008.

Je pense que la production non-OPEP a peu de chances de dépasser le pic atteint en février 2007 à 50,57 mb/j car le déclin de la production de l'OCDE ne pourra être compensée par la production dans le reste du monde. Par contre la production non-OPEP avec la production NGL de l'OPEP atteindra un pic peut-être plus tard. Depuis que la Russie et la Chine se trouvent tous deux sur un plateau de production, il ne reste en fait que le Brésil, l'Azerbaijan et la production d'agrocarburants pour compenser le déclin de l'OCDE. En effet, je montrerais dans un autre article que la production non-OPEP, non-OCDE, non-ex-URSS et sans le Brésil semble avoir atteint un pic au premier trimestre 2006 et se trouve actuellement sur un plateau légérement déclinant. Je reviendrais sur ces aspects des choses dans un article plus tard.
Revenons sur la question de l'OPEP. Aussi, si on prend pour argent comptant les prévisions de l'AIE sur la production non-OPEP et NGL de l'OPEP, on voit que la pression sur l'OPEP est en fait considérable pour les prochains mois si les prévisions de demande faite par l'AIE s'avèrent juste.
Sur le graphique suivant, on peut voir la production de l'OPEP en rouge entre 2005 et Q2-2007. On peut voir un plateau entre Q3-2005 et Q3-2006. Depuis, on observe un déclin de la production de l'OPEP emmené par l'Arabie Saoudite depuis juillet 2006 puis par le Koweit depuis octobre 2006. Il existe de gros soupçons sur le fait que ces baisses de production provenant de ces deux pays sont de natures géologiques et non politiques ( voire oildrum).

Ensuite, la courbe noire et bleue représente ce qu'on appelle le "Call on OPEP". Cette notion est la différence entre la demande mondiale et la production non-OPEP + la production de NGL et de pétrole non-conventionnel de l'OPEP avec quelques corrections techniques.
le Call on OPEP représente donc la quantité de pétrole brut que les 12 pays de l'OPEP doivent produire pour satisfaire la demande mondiale. Le fait intéressant que je souligne dans le graphique est que le call on OPEP passe de 30,4 mb/j au second trimestre 2007 à 33,2 mb/j au dernier trimestre 2007. Cela signifie que la demande mondiale, en regard des projections de production non-OPEP et NGL de l'OPEP, impose à l'OPEP d'augmenter sa production de 2 mb/j pendant le trimestre actuel et de continuer à augmenter de 0,8 mb/j au trimestre suivant. Dans le cas où l'OPEP n'atteindrait pas le "call on OPEP", ce sont alors les stocks commerciaux de produits pétroliers de l'OCDE qui devront compenser l'approvisionnement. Ceux-ci devraient donc en toute logique se vider dans des proportions qui dépendent de l'OPEP.
Ensuite, la troisième courbe du graphique représente la capacité effective de production de l'OPEP. La capacité effective de production est la capacité de production maximum de l'OPEP donnée par l'AIE. La capacité effective est la capacité de production sans tenir compte de l'Irak, de l'Indonésie, du Nigéria et du Vénézuela qui ne possède pas de capacité supplémentaire de production. Cependant, la production nominale prend en compte des capacités supplémentaires pour ces quatres pays qui sont en fait théoriques.
Pour les projections, il a été pris comme base que la capacité effective était inférieure de 1,2 mb/j à la capacité nominale jusqu'en 2008. Cette projection se base sur les observations des dernières années. En gros, on prévoit une production de l'Irak de 2 mb/j, du Nigéria d'environ 2 mb/j, de l'Indonésie de 0,8 mb/j et du Vénézuela de 2,3 mb/j jusqu'à fin 2008. Dans l'hypothèse où ces niveaux de production n'étaient pas atteint pendant la période considérée, alors la capacité effective de l'OPEP baisserait en conséquence.
La courbe verte montre que, selon l'AIE, la capacité effective devrait augmenter à partir de ce trimestre pour passer de 33 mb/j à presque 34,7 mb/j fin 2008. SI cette hypothèse s'avère juste, on voit que le call on OPEP s'approche dangereusement de la capacité effective de l'OPEP au quatrième trimestre 2007. En effet, la capacité effective de l'OPEP ne serait que de 33,5 mb/j alors que le call on OPEP atteindrait 33,2 mb/j! Il ne resterait que 0,3 mb/j de capacité supplémentaire effective au quatrième trimestre à l'OPEP pour faire face à des ruptures de production. Ainsi, dans l'hypothèse où seule l'Arabie Saoudite conserverait cette capacité supplémentaire, les autres produisant à pleine capacité, sa production devrait atteindre 10,5 mb/j d'ici l'automne 2007, c'est à dire d'ici trois mois. On sait déjà par les annonces de l'Arabie Saoudite que celle-ci a faite à ses importateurs asiatiques, ses exportations n'augmenteront pas en juillet et en août. Suivant les annonces de l'OPEP, celle-ci ne semble pas disposé à accroitre sa production durant ce trimestre. Aussi, le call on OPEP ne sera pas atteint au troisième trimestre 2007. On ne sait pas dans quelles proportions.
Mais l'Arabie Saoudite devrait augmenter sa production de 2 mb/j, de 8,6 mb/j actuellement à 10,5 mb/j en automne, si elle voulait atteindre le "call on OPEP" alors que les stocks de l'OCDE seraient en train de fondre comme neige au soleil. Les autres pays devraient augmenter aussi leur production de manière assez importante. Ainsi, le Koweit passerait de 2,34 mb/j en juin 2007 à 2,68 mb/j en fin d'année, le Qatar passerait de 0,81 à 1,01 mb/j, les Emirats Arabes Unis passeraient de 2,61 à 2,9 mb/j et la Lybie passerait de 1,7 à 1,78 mb/j. l'Algérie et l'Iran resterait constant. Evidemment, nous sommes dans l'hypothèse où les capacités de production supplémentaires de l'Arabie Saoudite et du Koweit, dont nous avons précédemment dit qu'elles étaient trop lourdes et trop pleine de soufre pour être utilisable par les raffineries actuellement, deviendraient par nécessité utilisables à l'automne. Dans le cas contraire, il faut supprimer 2,3 mb/j de la capacité effective de l'OPEP et le call on OPEP dépasse alors 1,9 mb/j la capacité effective de l'OPEP! Aussi, même avec la meilleur volonté du monde, l'OPEP ne pourra empêcher une chute des stocks commerciaux de 2 mb/j au dernier trimestre 2007.
Ensuite, en 2008, on voit que le call on OPEP baisse jusqu'à 31 mb/j au second trimestre 2008 mais cela ne sera possible que si les projections de l'AIE sur la production non-OPEP se réalise vraiment.
Alors que l'AIE a fait état de problèmes d'adéquation entre les capacités de production et la demande pour 2012 dans son rapport Medium Term au début du mois de juillet, on peut voir ici que les problèmes ont en fait déjà commencé. La seule solution est que la demande soit moins importante que prévue. Pour cela, il n'y a que deux solutions, soit augmenter les prix suffisamment pour faire baisser la demande, soit établir des restrictions partout dans le monde pour limiter la demande. C'est bien la première solution qui est la plus probable. Aussi, nous sommes face à un choc pétrolier pour les mois qui viennent. Les prix devraient en toute logique bondir à des niveaux qu'on ne peut prédir. Je pense que nous dépasseront les 100$ le baril voire atteindront les 150$ d'ici la fin de l'année surtout si le dollar continue sa chute. Aussi, nous entrons dans ce qu'on peut appeler la phase d'impact du processus du pic pétrolier. Le marché était jusqu'à maintenant guidé seulement par la demande et donc par des aspects économiques. L'OPEP était chargée de gérer les prix en ouvrant ou fermant les robinets de ses immenses gisements dont tout le monde pensait qu'ils étaient inépuisables . Cette période est maintenant close. Nous entrons dans une nouvelle logique où le marché pétrolier sera guidé par les capacités de production. La demande devra suivre en fonction et les prix seront la variable d'ajustement. L'homme devrait perdre tout contrôle sur l'évolution des prix et ceux-ci devraient devenir de plus en plus volatiles.
La période de 2004 à 2007 fût une période de transition entre un marché guidé par la demande à un marché guidé par la production. Les signaux sont passés au fur et à mesure des mois au rouge mais le "business as usual" a continué sa logique et les populations n'ont pas été prévenu.
Nous sommes actuellement au milieu de la phase de Transition Une selon Mr Bakhtiari.
Cette première phase devrait s'achever courant 2009. Ceci est confirmé dans l'article de oildrum.
La seconde phase devrait passer à un taux de déclin beaucoup plus important. Oildrum avance le chiffre de 4% par an pour la production de pétrole brut. Aussi, la production va décliner normalement lentement jusqu'à fin 2008. Mr Bakhtiari avance une baisse de 2 mb/j. Nous serions alors aux alentours de 83 mb/j en 2008 pour la production mondiale tout liquide. Il semble en effet que nous sommes en train de passer dans les 84 mb/j depuis mai 2007. Aussi, le choc pétrolier de l'automne 2007 devrait provoquer un coup de frein sur la demande mondiale et la ramener vers les 83-85 mb/j fin 2008. Les stocks devraient tout de même baisser par le délai entre le choc pétrolier et la baisse effective de la demande. Est-il possible que les stocks baissent jusqu'à ce que des pénuries apparaissent dans les pays de l'OCDE? Je ne peux répondre à cette question car je ne connais pas la limite à partir duquelles les pénuries se font sentir. Je note seulement qu'il est difficile de ralentir le processus de consommation car le pétrole est tellement vécu comme allant de soi et est tellement nécessaire à l'activité économique que même la hausse des prix atteindra ses limites quant à sa capacité de faire baisser la consommation. Aussi, tout dépend de la capacité de réaction des gouvernements. Il se trouvera de toute façon un moment où les gouvernements seront dans l'obligation de mettre des restrictions sur la consommation d'essence pour gérer la pénurie.
Les pays plus ou moins pauvres en dehors de l'OCDE ont déjà commencé à ressentir l'effet de la hausse de prix . Des pénuries d'essence et d'électricité ont déjà commencé dans plusieurs pays comme au Népal et celles-ci ne vont aller qu'en s'aggravant. De plus en plus d'êtres humains vont devoir se passer définitivement du pétrole et de ses multiples applications par leur incapacité à pouvoir payer le prix. Le choc pétrolier à venir va accentuer fortement cette tendance et surement provoquer de multiples désordres sociaux dans nombres de pays.
Makhnovitch.
On peut y voir que la production mondiale tout liquide a baissé de 500 000 b/j entre mai et juin après une baisse de 700 000 b/j entre avril et mai.
Ainsi, la production mondiale est descendue à 84,3 mb/j en juin 2007 un mois avant que la demande ne se propulse à plus de 86 mb/j au troisième trimestre 2007 pour continuer sa course folle à 88 mb/j au dernier trimestre 2007 et finir à 88,5 mb/j au premier trimestre 2008.
Nous avons évoqué le problème de l'adéquation entre l'offre et la demande dans des articles précédents. Je continue à dire que juillet 2007 constitue le point de bascule entre l'offre et la demande. Les marché pourraient prendre conscience de cette réalité en septembre quand la situation va s'aggraver et suivant la réponse donnée par l'OPEP lors de sa réunion en septembre 2007.
Nous allons montrer d'où vient la pression qui va peser sur l'OPEP dans les prochains mois.
Mais d'abord revenons sur une actualisation des graphiques de la production mondiale à partir des données de l'AIE et de l'EIA.

Par rapport au mois précédent, on peut voir un changement au printemps 2007 entrainant les courbes de tendance des deux courbes vers le bas.
Mais regardons la même courbe mais sur une période plus courte à partir de juin 2004.

Dans ce plan plus rapproché de la courbe de production mondiale, on peut apprécier la chute de production décrite par l'AIE au printemps 2007. Celle ci est principalement dû à des arrêts de production au Canada et en Mer du Nord pour de la maintenance. Il faut noter que les arrêts de maintenance sont de plus en plus importants mais ceux-ci ne peuvent être compenser par aucune croissance de production ailleurs dans le monde.
Il semble que ce printemps nous montre deux choses : la production au sein de l'OCDE est reparti à la baisse après une période de stabilité provisoire dans la seconde partie de 2006 jusqu'en février 2007. Deuxièmement, il n'existe aujourd'hui que peu de gisements de croissance dans le monde pour compenser le déclin de l'OCDE. On peut noter l'Angola, le Brésil, l'Azerbaijan, la production de NGL par l'OPEP et la production d'agrocarburants .
Les possibilités de l'OPEP ne sont jamais très claires mais selon le rapport mensuel de l'AIE de juin, il 'y aurait en fait que 0,35 mb/j de capacité supplémentaire de pétrole brut léger et sans soufre. En effet, la capacité supplémentaire de l'Arabie Saoudite et du Koweit serait composée entièrement de pétrole lourd et plein de soufre difficile à traiter en raffinerie et donc guère utilisable en cette période où les raffineries sont déjà mises à rudes épreuves.
L'AIE prévoie une augmentation assez importante de la production non-OPEP ajoutée à la production de NGL et de pétrole non-conventionnel de l'OPEP au dernier trimestre 2007 et au premier trimestre 2008. Je pense que cette prévision est très optimiste et ne se réalisera pas dans les proportions prévues par l'AIE. Comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous, l'AIE prévoit une augmentation de la production non-OPEP+NGL de l'OPEP de 2 mb/j du troisième trimestre 2007 au premier trimestre 2008.

Je pense que la production non-OPEP a peu de chances de dépasser le pic atteint en février 2007 à 50,57 mb/j car le déclin de la production de l'OCDE ne pourra être compensée par la production dans le reste du monde. Par contre la production non-OPEP avec la production NGL de l'OPEP atteindra un pic peut-être plus tard. Depuis que la Russie et la Chine se trouvent tous deux sur un plateau de production, il ne reste en fait que le Brésil, l'Azerbaijan et la production d'agrocarburants pour compenser le déclin de l'OCDE. En effet, je montrerais dans un autre article que la production non-OPEP, non-OCDE, non-ex-URSS et sans le Brésil semble avoir atteint un pic au premier trimestre 2006 et se trouve actuellement sur un plateau légérement déclinant. Je reviendrais sur ces aspects des choses dans un article plus tard.
Revenons sur la question de l'OPEP. Aussi, si on prend pour argent comptant les prévisions de l'AIE sur la production non-OPEP et NGL de l'OPEP, on voit que la pression sur l'OPEP est en fait considérable pour les prochains mois si les prévisions de demande faite par l'AIE s'avèrent juste.
Sur le graphique suivant, on peut voir la production de l'OPEP en rouge entre 2005 et Q2-2007. On peut voir un plateau entre Q3-2005 et Q3-2006. Depuis, on observe un déclin de la production de l'OPEP emmené par l'Arabie Saoudite depuis juillet 2006 puis par le Koweit depuis octobre 2006. Il existe de gros soupçons sur le fait que ces baisses de production provenant de ces deux pays sont de natures géologiques et non politiques ( voire oildrum).

Ensuite, la courbe noire et bleue représente ce qu'on appelle le "Call on OPEP". Cette notion est la différence entre la demande mondiale et la production non-OPEP + la production de NGL et de pétrole non-conventionnel de l'OPEP avec quelques corrections techniques.
le Call on OPEP représente donc la quantité de pétrole brut que les 12 pays de l'OPEP doivent produire pour satisfaire la demande mondiale. Le fait intéressant que je souligne dans le graphique est que le call on OPEP passe de 30,4 mb/j au second trimestre 2007 à 33,2 mb/j au dernier trimestre 2007. Cela signifie que la demande mondiale, en regard des projections de production non-OPEP et NGL de l'OPEP, impose à l'OPEP d'augmenter sa production de 2 mb/j pendant le trimestre actuel et de continuer à augmenter de 0,8 mb/j au trimestre suivant. Dans le cas où l'OPEP n'atteindrait pas le "call on OPEP", ce sont alors les stocks commerciaux de produits pétroliers de l'OCDE qui devront compenser l'approvisionnement. Ceux-ci devraient donc en toute logique se vider dans des proportions qui dépendent de l'OPEP.
Ensuite, la troisième courbe du graphique représente la capacité effective de production de l'OPEP. La capacité effective de production est la capacité de production maximum de l'OPEP donnée par l'AIE. La capacité effective est la capacité de production sans tenir compte de l'Irak, de l'Indonésie, du Nigéria et du Vénézuela qui ne possède pas de capacité supplémentaire de production. Cependant, la production nominale prend en compte des capacités supplémentaires pour ces quatres pays qui sont en fait théoriques.
Pour les projections, il a été pris comme base que la capacité effective était inférieure de 1,2 mb/j à la capacité nominale jusqu'en 2008. Cette projection se base sur les observations des dernières années. En gros, on prévoit une production de l'Irak de 2 mb/j, du Nigéria d'environ 2 mb/j, de l'Indonésie de 0,8 mb/j et du Vénézuela de 2,3 mb/j jusqu'à fin 2008. Dans l'hypothèse où ces niveaux de production n'étaient pas atteint pendant la période considérée, alors la capacité effective de l'OPEP baisserait en conséquence.
La courbe verte montre que, selon l'AIE, la capacité effective devrait augmenter à partir de ce trimestre pour passer de 33 mb/j à presque 34,7 mb/j fin 2008. SI cette hypothèse s'avère juste, on voit que le call on OPEP s'approche dangereusement de la capacité effective de l'OPEP au quatrième trimestre 2007. En effet, la capacité effective de l'OPEP ne serait que de 33,5 mb/j alors que le call on OPEP atteindrait 33,2 mb/j! Il ne resterait que 0,3 mb/j de capacité supplémentaire effective au quatrième trimestre à l'OPEP pour faire face à des ruptures de production. Ainsi, dans l'hypothèse où seule l'Arabie Saoudite conserverait cette capacité supplémentaire, les autres produisant à pleine capacité, sa production devrait atteindre 10,5 mb/j d'ici l'automne 2007, c'est à dire d'ici trois mois. On sait déjà par les annonces de l'Arabie Saoudite que celle-ci a faite à ses importateurs asiatiques, ses exportations n'augmenteront pas en juillet et en août. Suivant les annonces de l'OPEP, celle-ci ne semble pas disposé à accroitre sa production durant ce trimestre. Aussi, le call on OPEP ne sera pas atteint au troisième trimestre 2007. On ne sait pas dans quelles proportions.
Mais l'Arabie Saoudite devrait augmenter sa production de 2 mb/j, de 8,6 mb/j actuellement à 10,5 mb/j en automne, si elle voulait atteindre le "call on OPEP" alors que les stocks de l'OCDE seraient en train de fondre comme neige au soleil. Les autres pays devraient augmenter aussi leur production de manière assez importante. Ainsi, le Koweit passerait de 2,34 mb/j en juin 2007 à 2,68 mb/j en fin d'année, le Qatar passerait de 0,81 à 1,01 mb/j, les Emirats Arabes Unis passeraient de 2,61 à 2,9 mb/j et la Lybie passerait de 1,7 à 1,78 mb/j. l'Algérie et l'Iran resterait constant. Evidemment, nous sommes dans l'hypothèse où les capacités de production supplémentaires de l'Arabie Saoudite et du Koweit, dont nous avons précédemment dit qu'elles étaient trop lourdes et trop pleine de soufre pour être utilisable par les raffineries actuellement, deviendraient par nécessité utilisables à l'automne. Dans le cas contraire, il faut supprimer 2,3 mb/j de la capacité effective de l'OPEP et le call on OPEP dépasse alors 1,9 mb/j la capacité effective de l'OPEP! Aussi, même avec la meilleur volonté du monde, l'OPEP ne pourra empêcher une chute des stocks commerciaux de 2 mb/j au dernier trimestre 2007.
Ensuite, en 2008, on voit que le call on OPEP baisse jusqu'à 31 mb/j au second trimestre 2008 mais cela ne sera possible que si les projections de l'AIE sur la production non-OPEP se réalise vraiment.
Alors que l'AIE a fait état de problèmes d'adéquation entre les capacités de production et la demande pour 2012 dans son rapport Medium Term au début du mois de juillet, on peut voir ici que les problèmes ont en fait déjà commencé. La seule solution est que la demande soit moins importante que prévue. Pour cela, il n'y a que deux solutions, soit augmenter les prix suffisamment pour faire baisser la demande, soit établir des restrictions partout dans le monde pour limiter la demande. C'est bien la première solution qui est la plus probable. Aussi, nous sommes face à un choc pétrolier pour les mois qui viennent. Les prix devraient en toute logique bondir à des niveaux qu'on ne peut prédir. Je pense que nous dépasseront les 100$ le baril voire atteindront les 150$ d'ici la fin de l'année surtout si le dollar continue sa chute. Aussi, nous entrons dans ce qu'on peut appeler la phase d'impact du processus du pic pétrolier. Le marché était jusqu'à maintenant guidé seulement par la demande et donc par des aspects économiques. L'OPEP était chargée de gérer les prix en ouvrant ou fermant les robinets de ses immenses gisements dont tout le monde pensait qu'ils étaient inépuisables . Cette période est maintenant close. Nous entrons dans une nouvelle logique où le marché pétrolier sera guidé par les capacités de production. La demande devra suivre en fonction et les prix seront la variable d'ajustement. L'homme devrait perdre tout contrôle sur l'évolution des prix et ceux-ci devraient devenir de plus en plus volatiles.
La période de 2004 à 2007 fût une période de transition entre un marché guidé par la demande à un marché guidé par la production. Les signaux sont passés au fur et à mesure des mois au rouge mais le "business as usual" a continué sa logique et les populations n'ont pas été prévenu.
Nous sommes actuellement au milieu de la phase de Transition Une selon Mr Bakhtiari.
Cette première phase devrait s'achever courant 2009. Ceci est confirmé dans l'article de oildrum.
La seconde phase devrait passer à un taux de déclin beaucoup plus important. Oildrum avance le chiffre de 4% par an pour la production de pétrole brut. Aussi, la production va décliner normalement lentement jusqu'à fin 2008. Mr Bakhtiari avance une baisse de 2 mb/j. Nous serions alors aux alentours de 83 mb/j en 2008 pour la production mondiale tout liquide. Il semble en effet que nous sommes en train de passer dans les 84 mb/j depuis mai 2007. Aussi, le choc pétrolier de l'automne 2007 devrait provoquer un coup de frein sur la demande mondiale et la ramener vers les 83-85 mb/j fin 2008. Les stocks devraient tout de même baisser par le délai entre le choc pétrolier et la baisse effective de la demande. Est-il possible que les stocks baissent jusqu'à ce que des pénuries apparaissent dans les pays de l'OCDE? Je ne peux répondre à cette question car je ne connais pas la limite à partir duquelles les pénuries se font sentir. Je note seulement qu'il est difficile de ralentir le processus de consommation car le pétrole est tellement vécu comme allant de soi et est tellement nécessaire à l'activité économique que même la hausse des prix atteindra ses limites quant à sa capacité de faire baisser la consommation. Aussi, tout dépend de la capacité de réaction des gouvernements. Il se trouvera de toute façon un moment où les gouvernements seront dans l'obligation de mettre des restrictions sur la consommation d'essence pour gérer la pénurie.
Les pays plus ou moins pauvres en dehors de l'OCDE ont déjà commencé à ressentir l'effet de la hausse de prix . Des pénuries d'essence et d'électricité ont déjà commencé dans plusieurs pays comme au Népal et celles-ci ne vont aller qu'en s'aggravant. De plus en plus d'êtres humains vont devoir se passer définitivement du pétrole et de ses multiples applications par leur incapacité à pouvoir payer le prix. Le choc pétrolier à venir va accentuer fortement cette tendance et surement provoquer de multiples désordres sociaux dans nombres de pays.
Makhnovitch.