Les Mensonges de l'AIE
L’Agence Internationale de l’Energie ( AIE) est basée à Paris et représente les intérêts des pays de l’OCDE, organisation basée aussi à Paris. Cette agence a été créée en 1974 suite au premier choc pétrolier pour faire face au cartel de l’OPEP. Tous les mois, l’OPEP et l’AIE publient des rapports mensuels consultables sur internet sur l’état de l’industrie pétrolière dans le monde. A la fin des rapports mensuels de l’AIE, une série de tableaux récapitulatifs est publiée. Le tableau N°3 représente les données sur la production mondiale de pétrole. Les données fournies par l’AIE sont taxées d’être des données politiques et donc d’être partiales. Cependant, il est plus difficile de mentir sur une production passée que sur une production future. Il est clair que le but de l’AIE est de rassurer les marchés et on ne peut donc pas les accuser de chercher à justifier le pic de production, bien au contraire.
Dans le tableau 3, les données des trois derniers mois sont publiées. La production d’un mois donnée est donc publié pendant trois mois de suite mais à chaque fois, ces données sont réactualisées au vu des informations supplémentaires que l’AIE a obtenu. Or, il est frappant de constater que les données dans un délai de trois mois sont systématiquement revues à la baisse par rapport à celles qui sont données dans un délai de un mois à quelques rares exceptions près. Cela confirme le fait que l’AIE triche volontairement sur les données les plus fraîches, qui sont le plus scrutées et qui font l’objet de la littérature qui remplit les rapports mensuels.
Il n’y a donc qu’à la fin du rapport dans le tableau 3 précisément que l’on peut voir les rectifications faîtes sur un délai de trois mois. Pour prendre un exemple tout frais, l’AIE annonce dans son rapport mensuel de novembre 2005 que la production d’octobre est de 84,43 mb/j. En décembre 2005, elle rectifie son estimation pour octobre à 83,69 mb/j. Elle baisse donc ses prévisions de 0,74mb/j en l’espace d’un mois. La production du mois de septembre 2005 est passée de 83,84 mb/j dans le rapport d’octobre à 83,17 mb/j en décembre 2005, ce qui représente une baisse de 0,67 mb/j en l’espace de deux mois. Je remarque que la baisse s’effectue sur un grand nombre de pays et principalement sur les pays de l’OCDE.
Adam Porter écrit dans Ressource Investor que l’AIE prédisait que la croissance de la production non-opep en 2005 serait de 1,38 mb/j de plus qu’en 2004. Ils en sont aujourd’hui à une croissance de 0,1 mb/j et il est possible que ce soit encore revu à la baisse pour finir par avoir une production non-opep inférieur en 2005 par rapport à 2004.
Ils prédisent actuellement une croissance de 1,39 mb/j pour 2006. Mais peut-on les croire ?
Dave dans Oil Drum fait une analyse assez complète des révisions de l’AIE le 23 décembre.
Il remarque que :
1.les prévisions de demande sont systématiquement revues à la hausse au cours de l’année
2. les prévisions de production non-opep sont systématiquement revues à la baisse au cours de l’année.
Il reprend les conclusions d’un analyste Brian Trumbore de StockSandNews.com qui dit que l’AIE a systématiquement surestimée ses prévisions sur la production non-opep et non-FSU depuis 2000.
L’estimation pour 2001 fut revue à la baisse de 500 000 barils par jour, l’estimation pour 2002 de 400 000 b/j , celle de 2003 de 900 000 b/j, de 2004 de 700 000 b/j. Sur ces quatre années, on arrive à une révision totale de 2,5 mb/j. Mais Trumbore rajoute que la révision pour la production non-opep et non-FSU atteint 3,7 mb/j !
Pour 2005, on est passé de 1,31 mb/j pour la prévision la plus optimiste à maintenant 0,1mb/j, et donc à une révision de 1,2 mb/j et ce n’est pas fini.
L’AIE tend donc à surestimer de plus en plus la production non-opep et mondiale.
Sa prévision de croissance de la production non-opep pour 2006 de 1,39 mb/j paraît difficile à croire. Elle sera sujette à révision. Il reste à déterminer dans quelle proportion.
En tout cas, ces révisions de l’AIE reflètent bien le refus de l’AIE de voir la réalité de la déplétion en face et de voir que ses projections irréalistes sont vraiment irréalistes.
makhnovitch.